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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 22:45

Il est de ces oeuvres maudites qui voient le jour malgré tous les problèmes qu'elles ont pu rencontrer de leur création à leur exploitation en salles, et le film le 13ème guerrier de John Mc Tiernan ne déroge pas à la règle. Charcuté par un Michael Crichton  (cinéaste et écrivain à l'origine du roman adapté dans le film) qui ira jusqu'à brûler lui-même tout les négatifs des scènes coupées pour empêcher mc Tiernan de sortir un jour la director's cut fantasmé par bon nombre de fan du réalisateur), reçu froidement par le public, un peu moins par la critique (encore que), voilà que le film ressort enfin en bluray mais sans la director's cut tant attendue et pour cause (cf plus haut).

Qu'à cela ne tienne, ne boudons pas notre plaisir, car c'est l'occasion de revoir probablement un des grand chef d'œuvre du réalisateur (malgré  les problèmes rencontrés sur le tournage entre Mc Tiernan et Crichton et donc cette impression de film non fini) et surtout un des meilleurs films de Viking.

Un petit mot sur l'histoire. Michael Crichton, écrivain à l'origine de roman comme Timeline  ou encore Jurassic Park, imagine ici de confronter le regard d'un poète arabe ayant réellement existé Ibn Fahdlan, déchu dans la scène d'ouverture du film pour avoir fauté avec une femme qui n'était pas la sienne, à une cohorte de guerriers viking qui sur le principe d'une prophétie vont partir aider un village allié, assailli par d'étranges démons mi-ours, mi-lion, les Wendols. La grande force du scénario est aussi de mettre en scène le héros du poème qui a inspiré Tolkien pour l'écriture de son Seigneur des Anneaux, à savoir "Beowulf", devenu phonétiquement "Bulywif" mais qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien de la même évocation. D'ailleurs, Mc Tiernan souligne cet état de fait en faisant discuter le poète arabe Ibn Fahdlan et le chef viking de "poésie et d'écriture" et exécuter des dessins y correspondant sur le sable de la rive.

Ibn Fahdlan ne parle pas un mot de "viking" et c'est donc dans un premier temps, celui qui l'accompagne, remarquable Omar Shariff qui va jouer les interprètes. Dans une scène de communication, dont seul un réalisateur comme Mc Tiernan a le secret, l'homme va s'adresser aux vikings en grec, puis devant le mutisme des hommes (ils ne se comprennent en réalité pas), en latin, engageant ainsi un dialogue. Au cours d'un repas, une magicienne du clan dit que la prophétie ne s'accomplira que si un 13ème guerrier se joint au viking et que ce 13ème guerrier ne peut être un des leurs.

Voilà donc le poète arabe, contraint de partir avec les vikings pour venir en aide aux villageois. Ce dernier ne comprend pas ses camarades, et en observant leurs lèvres et la résultante des mouvements de leurs lèvres pendant une partie du voyage, il va finir par apprendre à parler comme eux. Et lorsque un viking en vient à insulter sa mère, Ibn Fadhlan prend la parole dans leurs langues et les  surprend.

La barrière de la langue est passée, mais le poète ne gagnera réellement leur confiance et leur respect qu'en prouvant que son "chien" (les vikings traitent ainsi son cheval car il est plus petit que les leurs) est aussi agile, sinon plus que leurs montures. Le poète montre ainsi dans deux aspects de la communication (physique et morale) qu'il n'est pas si différent que ça d'eux, voire même qu'il peut leur en apprendre sur la vie.

Un peu plus tard, perdu parmi les armes vikings (trop lourde et peu maniable), il se construira son propre sabre (Cimeterre) , une arme avec son identité.

Car finalement, si on y réfléchit bien, ce film ne parle que de ça, d'identité, mais aussi d'ennemi invisible et inhumain. Par un combat contre un des ouvriers du village, les vikings prouveront également leurs valeurs. Et lorsque les wendols débarquent sur fond d'imagerie mythologique et fantasmatique , le spectateur sait que les seuls humains sont les villageois ,le poète et les vikings. Mais ça serait sans compter avec la malice de Mc Tiernan qui par un rebondissement dans l'intrigue, humanise à leur tour les "méchants wendols", qui ne sont pas réellement méchant mais juste moins avancés dans leurs idéologies comme dans leurs moeurs.

Il est d'ailleurs amusant de constater que Ibn Fahdlan ne déclenche sa sauvagerie, devenant réellement un berserk, que  lorsqu'il se retrouve avec la preuve tangible que les wendols sont des humains comme lui et comme ses compagnons. C'est donc paradoxalement lorsqu'il se sait en conflit avec de vrais humains et non des Djinns ou des monstres que son instinct guerrier se révèle.

Mc Tiernan traduit d'ailleurs parfaitement bien la sauvagerie et l'art de la guerre de ces hommes au moyen d'une caméra à l'épaule héritée de son Die Hard 3 (d'ailleurs comme dans ce dernier, ou dans le premier, les "ennemis" ne sont pas ce qu'ils semblent être) et il filme l'ennemi invisible comme dans son superbe Predator, d'ailleurs à  part lui et Mallick, aucun autre réalisateur ne filme aussi bien la nature et les arbres. Mc Tiernan filme aussi magniquement le visage de ces hommes en gros plan, le regard vide (mais l'esprit bouillonnant), fixant le plafond , se recueillant avant le combat ou risquant tout pour un idéal de liberté.

Cette communion naturelle est d'ailleurs magnifiquement servie par le score sublime de Jerry Goldsmith, probablement une de ses plus belles compositions, traduisant aussi bien la puissance des guerriers, que la quiétude de la nature ou encore l'animalité des wendols.

Au final, on a donc un trés beau film sur la communication (et paradoxalement l'incommunicabilité des êtres) car malgré leurs shamans femme quasiment "identique" sur les 3 peuples, malgré leur état de guerrier, la communication entre les Wendols et les viking/poète/villageois ne se fera que dans la souffrance et l'assaut (expédition punitive de part et d'autre d'ailleurs qui souligne bien cela et mort des deux chefs de part et d'autre également). Car si les wendols ravissent les têtes pour on ne sait quel rituel, les vikings ne coupent pas moins la tête des gens que ça soit celle des leurs ou celle des wendols. Mc Tiernan nous montre trois états de l'homme, dont le plus "civilisé" reste finalement le poète arabe. Nous avons également trois conceptions de la divinité différente, trois manière de voir Dieu mais qui finalement concours toute à la même chose, avec plus ou moins de succès d'ailleurs. Mais toute cette aventure, aura eu un effet bénéfique, puisqu'elle aura permis la cohésion entre un peuple occidental et un émissaire oriental et surtout, elle aura permis à Mc Tiernan de s'affirmer comme un des plus grands réalisateur mythologique et à Ibn Fahdlan de s'accomplir comme guerrier, le treizième guerrier.

 

Découvrez sur Cinetrafic dans la catégorie Film d'action et la catégorie Film fantastique

Le 13ème Guerrier, disponible depuis le 2 novembre 2011. Distribué par laMetropolitan Filmexport.


un petit mot sur les bonus, pas de commentaire audio de Mc Tiernan, comme on aurait pu l'espérer, mais de sympathique featurette, un making of assez complet et pas trop formaté et une interview du réalisateur intéressante sur ses goûts (trés amateur de cinéma européen essentiellement) mais pas très utile pour apprendre des choses sur le film. Enfin, on l'aura compris, ce film est son film maudit et il ne veut plus en entendre parler comme il l'a bien dit et bien fait comprendre.

 

On se rabattra plutôt avec plaisir sur le petit livret avec le Bluray collector qui en plus d'être un bel objet agréable à lire, est aussi une petite mine d'informations sur le film. A noter aussi qu'une dizaine de photos, également fournis avec le bluray replongent dans l'univers du film avec plaisir.

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