Sorti en 2010 en Russie, il aura fallu attendre près de 2 ans pour voir le film Yaroslav du réalisateur Russe Dmitri Korobkin sortir directement en dvd en France, sans passer par la case cinéma. Et quel dommage serions-nous tenté de dire car ne laissons pas plus longtemps le lecteur dans le flou, Yaroslav le film est une grande réussite aussi bien formelle qu'en terme de fond.
Yaroslav raconte l'histoire réelle du Prince Yaroslav, et dont la plupart des descendants épouseront des dirigeants de l'Europe tout entière (espagne, france, angleterre, italie, norvège, danemark etc...) constituant ainsi une descendance quasiment uniforme sur l'Europe toute entière. Fort de ses enjeux géopolitiques, le film débute d'ailleurs sur une vue d'une carte de la Russie à travers laquelle nous voyageons en 2D, puis enfin en 3D. Certaines incrustations et effets spéciaux de synthèse sont un peu faible en terme de rendu, mais puisqu'ils sont censés illustrer de manière réelle, les croquis présentés juste avant, le procédé passe aux yeux du spectateur.
Ensuite le film présente les différentes factions guerrière avec lesquelles il faudra compter dans le récit à travers une scène de batailles bien chorégraphiée quoique un peu fouillie. Il y a trois camp : les bandits qui profitent qu'il n'y ait aucune gestion militaire de la forêt pour faire règner la terreur, le peuple des Ours, et Yaroslav et son clan. Yaroslav et son clan tombe dans une embuscade tendu par les bandits et se défendent vaillamment, allant jusqu'à se replier sur une des terres sacrées du peuple des Ours. Là, il y trouve une femme du peuple des Ours, qui n'est autre que Reida la fille du chef de la Tribu. Yaroslav dépêche un émissaire à Rostov pour faire construire une forteresse aux abords de la forêt afin de gérer les déplacements marchands et de contenir les bandits tout en tentant de faciliter la paix avec le peuple des Ours. Yaroslav par chez le peuple des Ours pour ramener Reida mais tombe dans une autre embuscade et son groupe se fait décimer. Il est capturé par le peuple des Ours et jugé pour avoir détruit le temple sacré. Il a beau prétendre que ce sont les bandits qui l'ont fait, personne ne veut l'entendre et souhaite sa mort. Il est ainsi mis en croix et se prépare à être sacrifié à leur dieu païen, quand tout à coup, un Ours rendu fou par les bandits et l'odeur du sang de l'embuscade surgit de son terrier et menace la tribu. Yaroslav qui allait être sacrifié se dégage et le tue d'un coup de hache bien planté. Le chef de la tribu y voit là un signe de leur dieu et épargne la vie de Yaroslav.
Bien entendu, ce n'est là qu'un court résumé, car sans déflorer l'intrigue aussi bien en termes d'enjeux géopolitiques qu'en terme d'enjeux narratifs et humains, Yaroslav le film ne se contente pas de juxtaposer les scènes de bravoure et les combats épiques mais draîne en son sein, tout les principes d'un récit initiatique, de la découverte de mentor à l'expérimentation de la trahison. Il est à noter aussi, que quoique présenté comme un univers d'homme, le récit de Yaroslav laisse une belle part aux femmes, et que ce soit dans les trois forces en présence : les bandits, le peuple des Ours et les partisans de Yaroslav, on trouve dans chaque camp des figures de femmes fortes, bien loin des potiches traditionnellement considérés comme tel dans le cinéma d'aventure sur fond historique. Il est également à noter qu'il n'y a pas de réel "méchants" dans le film et que tous les personnages, même les plus antipathiques ont un côté attachant, voire sympathique.
Prince Yaroslav et pardon aux puristes du réal pour la comparaison, fait beaucoup penser au film de Mc Tiernan le 13ème Guerrier, et la réalisation du film est d'ailleurs trés proche de celle de Mc Tiernan pour le film cité plus haut. Alternant plan en cinémascope, jeux judicieux et efficace sur les focales et superbe plan à la grue, Dmitri Korobkin donne à son film une vraie puissance d'évocation et lorsque Yaroslav et le shaman de la tribu des Ours confrontent leurs visions de la nature et de Dieu, on ne peut s'empêcher de penser à certains dialogues entre Ibn Fahdlan et le chef des vikings. La grande force du film est comme celui de Mc Tiernan de ne jamais vraiment présenter Yaroslav qui est Chrétien comme un détenteur de la vérité, et donc le Christ comme un pourvoyeur de la vraie foi. La musique est en celà trés écclectique, mélange de pipeau, d'instrument à vent, de musique lyrique et épique rempli d'un souffle quasiment Hornérien mais aussi voix de la nature et souffle imperceptible marquant ainsi toutes les représentations de la foi et de la croyance. La fin, pourtant finira par donner raison au Christiannisme, mais plus comme constat que comme volonté de propagande messianique, montrant par un superbe passage de point, le shaman païen au premier plan, supplanté dans le cadre par la Croix Chrétienne qui vient d'être dressé par les hommes de Yaroslav, comme pour dire le Paganisme a vécu, son temps est révolu. Mais Yaroslav ne domine pas, il réunifie, il ne châtie que les traitres, il protège les innocents, et il ne tente pas de convertir le peuple des Ours à la foi Chrétienne, juste leur apporter un semblant de paix. D'ailleurs, sa descendance s'alliera à tous les royaumes d'Europe comme l'explicite trés bien le carton final. Son action donnera d'ailleurs naissance à la Russie.
Au niveau des points faibles du film, on pourra reprocher une première bataille un peu fouillie, filmée trop prêt, avec un découpage moins lisible, et quelques effets d'accéléré-ralenti pas toujours justifié. Mais ce n'est vraiment rien à côté du plaisir ressenti à visionner ce film.
Un film à recommander à toute personne amatrice d'Histoire avec un grand H, et même si on imagine que la figure ici décrite tient plus de la légende et de l'épopée que du strict respect d'historien, le film se permet de belles réflexions sur le questionnement de la foi et sur la différence entre tous. "Dieu a fait chaque feuille d'arbres différentes" dira le Shaman du peuple des Ours.
On regrettera juste l'absence de bonus, mais on notera que la présentation du dvd en fourreau est du plus bel effet et que la jacquette donne trés envie de voir le film contrairement à bon nombre de jacquette de film d'action. Quant à la VF bien que débutant de manière un peu fragile, elle se trouve largement convaincante par la suite et chaque personnage trouve une force aussi bien en Russe sous-titrée qu'en VF. Distribué par Zylo – DVD sorti le 05 janvier 2012.
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