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11 septembre 2021 6 11 /09 /septembre /2021 10:05
Chaos Walking

Après le fantastique Barry Seal, avec un étonnant Tom Cruise sur les turpitudes des USA, et les trafics entre Mafia et CIA, et le film sur le confinement Lockdown que je n'ai personnellement pas vu, Doug Liman revient avec son dernier film Chaos Walking sur l'adaptation en film de la trilogie de romans "young adult" du même nom, de Patrick Ness.

Le genre "young adult" est un genre particulier, précis, qui analyse et décrypte le passage de l'enfance à l'âge adulte, et qui s'adresse à un public d'ados jusqu'à environ 30 ans (même si on peut parfaitement en lire passé cet âge là, j'en suis la preuve vivante). Twilight, Harry Potter, Eragon, La trilogie du Vent de Feu, Les Royaumes du Nord, autant d'exemple que de diversité de genre. Avec également le récent "Le Labyrinthe".

Le premier problème du film, c'est qu'il est arrivé dans un monde où l'intérêt pour les films "young adult" s'essoufle un peu. Le deuxième c'est qu'il a dû traverser le COVID, mais surtout des projections tests assez catastrophiques qui ont nécessité des reshoots. Et généralement, quand il y a des reshoots et par un réalisateur différent, (Fede Alvarez), du projet d'origine, ça sent plutôt mauvais.

A la base de la base, le film partait d'un script de Charlie Kaufman, et devait être réalisé par lui. Puis, après son départ du projet, c'est Zemeckis qui a été pressenti un temps pour en être le maître d'oeuvre. Et vu le sujet du livre, "les pensées des gens se matérialisent, en audio et en images", il était tout trouvé, et aurait été parfait pour mettre en scène, surtout quand on se rappelle d'une scène similaire dans Contact, où Jodie Foster passait visuellement par toutes les émotions à la fois.

Le challenge aurait été de taille, mais Zemeckis en plus d'être un auteur, est aussi un excellent technicien, qui met toujours son art au service de la narration qui plus est, les exemples abondent en ce sens de Beowulf à The Walk.
Finalement, le projet échoit à Doug Liman, et le choix n'est pas mauvais, car Liman adore parler de la paranoïa, du contrôle, de la surveillance des gens. Quasiment chacun de ses films traitent de tels sujets, ça en faisait donc un troisième choix plutôt pas mal.

Le scénario est co-écrit par l'auteur lui-même, Patrick Ness à qui on doit déjà l'adaptation de son propre roman, "Quelques Minutes après Minuit" en film sous la direction de Juan Antonio Bayona.

L'histoire tirée des romans que je n'ai personnellement pas lus, donc mon avis n'y fera pas référence met en scène un groupe d'hommes, rescapés d'une fuite en vaisseau, qui vivent entre western et principes médiévaux, en dehors de toute technologie. Un retour aux sources orchestré par un homme, Prentiss, le maire de la ville, Prentisstown, sur une planète inconnue à la Terre, qui a la particularité de matérialiser les pensées de tout être humain, tout... Pas vraiment, puisque seuls les hommes en sont victimes. De facto, rien de ce qu'ils pensent auditivement voire même visuellement n'est caché. A  l'exception du maire qui arrive à cacher ses pensées avec un mantra "je suis le Cercle". Et les femmes me direz vous, elles ont toutes été massacrées par une race extraterrestre les Spackles.

Dans ce monde, pas vraiment idyllique, on suit Todd Hewitt, un jeune adolescent (13 ans dans le roman, dans le film Tom Holland serait plus proche de presque 18) qui vit avec ses pères adoptifs suite à la mort de ses vrais parents, morts dans des conditions mystérieuses. Sa vie se déroule entre affection larvée pour le Maire, en qui il voit une sorte de père de substitution au grand dam de son vrai fils (ne pas oublier que tout le monde entend et voit les pensées de tout le monde), chasse, agriculture (les betteraves c'est pas bon d'après lui) et tentative de cacher ses pensées. Mais ce petit train train quotidien est bouleversé le jour où un vaisseau s'écrase non loin de la ville et que Todd y découvre un survivant, ou plutôt une survivante, la première de sa vie, une fille.

S'ensuit un certain nombre de péripéties pour cacher l'existence de la dite fille, et du vaisseau, mais ça n'ira pas sans heurts. On va s'arrêter là niveau révélations, le but étant de donner envie aux gens de voir le film sans trop en dévoiler.

En conclusion, je dirais que Daisy Ridley rescapée de Rey campe un personnage vraiment intéressant, souvent touchant, et que Tom Holland, arrive à faire oublier son rôle de Spiderman. A noter également, Mads Mikkelsen dans le rôle du maire assez inquiétant de la ville, et David Oyelowo en prédicateur religieux symbolisant la foi aveugle. La musique de Marco Beltrami et Brandon Roberts sait se faire oublier, tout en illustrant le périple des deux adolescents, et la menace qui pèse sur eux avec des instruments assez inattendus comme le Wind-wands par exemple.

Le film en lui-même, ne mérite pas les critiques incendiaires qu'il a reçu, car il est plaisant à regarder, en revanche ce qui dérange le plus c'est sa dimension idéologique, non que le traitement féministe soit inintéressant en soi, mais dans le film il se résume à une opposition binaire hommes-femmes (ce qu'avait su éviter Mad Max Fury Road par exemple), les hommes ne pensant bien évidemment qu'au sexe, au sport et à apprivoiser (pardon tuer) tout ce qui les entoure. Une scène résume l'état d'esprit en disant que la pensée la plus équivoque pour Todd depuis qu'il est enfant pour être un homme, serait d'avoir un couteau... Comme un homme. Tout est dit. Le traitement est assez lourdingue dans l'illustration de la "masculinité toxique", malgré de jolies illustrations du bruit que la qualité du bluray rend presque palpable, d'ailleurs le film en joue plusieurs fois de cette "palpabilité apparente du bruit" (même si j'aurais personnellement bien aimé voir ce qu'aurait pu en faire Kaufman ou Zemeckis).

En revanche, niveau bonus, on est gâté, la galette en déborde. Un making-of assez intéressant de 18min, des featurettes qui fluctuent entre 7 et 10 min sur le tournage, le personnage de Daisy Ridley, la musique ou le monde du film. Et surtout pas moins de 45min de scènes coupées (oui vous avez bien lu 45 c'est énorme) qui proposent un tout autre film, ou du moins ce qu'il aurait pu être et dessinent la trajectoire de toutes les galères qu'a rencontré le film, film qui c'est dit dans le making-of n'avait jamais eu de script définitif, même à la fin du tournage. De plus l'idée de comment matérialiser à l'écran le fameux "Bruit" visuellement était encore débattue en pleine post production. Pour l'adaptation du tome 2 et 3 du livre, ça semble bien mal parti, le film s'étant ramassé au box office américain. Mais le premier film est parfaitement indépendant ce qui fait voir le verre d'eau à moitié plein.

En DVD et Blu-Ray le 1er septembre 2021. Edité par Metropolitan Films Vidéo. le site Internet de l'éditeursa page Facebook et sa page Twitter.

Retrouvez ce film sur Cinetrafic https://www.cinetrafic.fr/film/56447/chaos-walking

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