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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 07:52
Jean l'ordure

Oui, vous ne rêvez pas, voilà ce que donnerait le titre du film à la hype surdimensionnée, "John Wick" dans la langue de Molière. Autant dire même si c'est un peu stupide de se baser sur un titre pour critiquer un film, qu'un probable remake français sentirait le sapin et le DTV insondable.

En Amérique aussi, peut-être pourrait-on espérer frôler la série B fun et décomplexée. Mais avec monsieur Keanu "Neo" Reeves à la barre, il n'en est rien. On obtient immanquablement "un chef d'oeuvre", "le meilleur film d'action de l'univers de la décennie", "un must have see" si on croit la presse américaine et française.

Quand est-il réellement ? Pour tout dire on est loin du chef d'oeuvre, trés loin même, mais en revanche, la série B fun et décomplexée est presque là, il manque juste de l'émotion pour y arriver. Les événements nous traverse sans jamais qu'on s'y attarde ou s'y attache, pas plus à la mort de son chien (aucun spoil c'est le pitch du film), qu'à celle de sa femme (idem) ou au vol de sa voiture (toujours idem). Et encore moins au protagoniste principal, même si la hype mystérieuse qui entoure son identité au début du film est plutôt agréable car on navigue en eau trouble.

Mais dès que l'intrigue se met en branle, on se retrouve dans un shoot em up (avec beaucoup moins de brio que le film éponyme avec Clive Owen d'ailleurs), certes assez inventif au niveau de certaines chorégraphies de combat (on en attendait quand même pas moins des réas seconde équipe et doublure cascade de la trilogie Matrix et du film Man of Tai Chi de Keanu lui-même) ; avec quelques belles idées visuelles, une esthétique et une lumière plutôt soignée, et un univers avec des codes étonnants, quoique trés peu dépeint qui laisse prévisager une suite axée sur cet "Underworld" représenté par l'Hôtel Continental et la mystérieuse organisation des "pièces d'or". A l'heure où sont écrit ces mots, la suite de John Wick est d'ailleurs dans les tuyaux. Mais en revanche, l'émotion, voire même l'intrigue et la psychologie des personnages en reste à la portion congrue.

Pour le coup, la dénomination jeu vidéo nous vient en tête pour décrire ce film, mais pas n'importe quel jeu vidéo, le "rail gun". Ce jeu dans lequel le scénario n'est qu'un prétexte à utiliser un pistolet accessoire physique tangible pour le joueur pour dézinguer tout ennemi qui se présente devant le feu dévastateur et cathartique de l'engin. Les mouvements étant intégralement gérés par le logiciel. Les réalisateurs sont tellement conscients de cet état de fait, qu'il y a même une séquence dans laquelle un ennemi joue à un shoot em up (on aurait préféré un rail gun, c'eût été plus honnête) pendant qu'en parallèle, John Wick s'introduit dans l'entrepot du boss de fin. Ce clin d'oeil méta est au moins trés sincère ou trés cynique c'est selon sur l'enteprise des réalisateurs : faire un film de série B plutôt fun et décomplexé qui pourrait leur ouvrir la voie pour d'autres films plus ambitieux. En un interview les réas sont trés modestes sur leurs envies, et comme bien souvent, c'est la presse qui en s'emparant du film comme nouvelle icône autoproclamée du fun (on croirait entendre du Snyder) a voulu faire de John Wick ce qu'il n'est pas. A mi chemin entre le roman graphique surréaliste et le film plus posé, John Wick est une belle surprise.

Là où en revanche il faut reconnaître à Keanu Reeves une abnégation totale, c'est que quasiment chacune de ses cascades a été réalisée par lui-même. Il a subit un entrainement trés intensif, huit heure par jour pendant de nombreux mois afin de réaliser l'intégralité de ses chorégraphies de tuerie et bon nombre de ses cascades physiques et automobiles. Il en va d'ailleurs de même pour tous les comédiens, et l'actrice Adrianne Palicki (Gi Joe) n'est pas en reste non plus. Le reste du casting ne démérite pas et que ce soit une apparition de John Leguizamo en garagiste taciturne, ou Willem Defoe en tueur à gages sentimental, ils sont tous à l'unisson du projet, ni exceptionnels, ni transparent.

Au final, on passe un bon moment devant ce revenge movie, on a l'impression fugace de voir un Taken 2 réussi, et surtout, on se prend à imaginer ce qu'aurait pu être la franchise Max Payne si on l'avait confié à ces petits gars plutôt qu'à John Moore qui l'a tué dans l'oeuf. En cas de reboot de la franchise, trés sincèrement, Chad Stahelski et David Leitch seraient les bienvenus. Et quand à ce John Wick, on se demande sincèrement, ce qu'un tel pitch minimaliste aurait pu donner dans la caméra inspirée d'un Michael Mann (auquel le film fait quelques références), voire du regretté Tony Scott.

Les bonus se résument à quelques featurettes ultra formatée mais néanmoins intéressante dans lesquelles tout le monde dit que c'était trop génial de travailler avec "untel" qui est le meilleur, le plus fort et qui a surement un gros zizi. On trouve aussi une description de l'Underworld à peine évoqué dans le film, et un commentaire audio qui doit surement se révéler trés intéressant pour quiconque accrochera au film.

Sortie en dvd et bluray le 4 mars 2015. Edité par Metropolitan Filmexport.

Retrouvez ce film et d'autre dans la catégorie Plus de films d'action et et les plus récents ici.

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