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1 juillet 2022 5 01 /07 /juillet /2022 20:27
Alerte Rouge : On ne naît pas femme, on en revient.

Au moment où le dernier Pixar sur la véritable histoire de Buzz l'éclair, le personnage qui a inspiré le jouet de Toy Story, sort au cinéma, on retrouve donc l'avant-dernier de la firme, Alerte Rouge de Domee Shi enfin en DVD et bluray.

Le film n'avait pas eu l'agrément d'une sortie cinéma, puisqu'il est arrivé directement dans le catalogue de Disney Plus. Et c'est le premier reproche qu'on pourrait faire à Disney, tant le film a été pensé en terme de cinématographie et d'écran de plusieurs mètres.

J'ai raté le précédent, qui était Luca, ayant eu droit au même traitement injuste, et n'ayant pas Disney Plus pour le voir, et je ne voulais pas faire de même pour celui-ci.
Et bien m'en a pris, car c'est probablement un des meilleurs Pixar à ce jour, dans la lignée des très grands chef d'oeuvres, comme Soul, ou plus prosaïquement Vice Versa.

Dans le film, on suit les aventures de Meilin Lee dit Meimei, une petite chinoise, dont les parents ont émigré à Toronto, pour faire découvrir la culture bouddhiste et notamment l'héritage de leurs ancêtres. Le film s'ouvre sur un rappel des commandements d'honneur envers ses parents, mais Meilin rajoute quand même qu'on ne doit pas s'oublier aussi en tant qu'enfant. Le spectateur découvre rapidement que Meilin ne vit pas vraiment pour elle, mais pour les résultats qu'elle souhaite donner à sa mère, afin que celle-ci la considère. La jeune fille de 13 ans, en pleine adolescence est quasiment vampirisée par les rêves de sa mère pour elle, et elle ne vit plus réellement sa vie pour elle. 

Meilin traverse l'école en alignant les A+, et les félicitations de ses professeurs, mais un jour, elle se retrouve en proie à une grosse émotion, un gros cauchemar, très onirique et symbolique, et le lendemain matin, elle est changée en panda roux.

A partir de ce moment, elle va devoir jongler, entre sa mère, ses désirs adolescents, et la tournure que cette nouvelle forme va donner aux rêves de Meilin et de ses amies de voir les 4Town en concert (sorte d'ersatz des One Direction) qui sont 5 comme le fera remarquer sa mère. Et tout ça, avant que la malédiction ancienne qui a frappé ses ancêtres ne la rattrape à son tour.

Ce serait dommage d'en dire plus, tant ce nouveau film de la firme Pixar va vous laisser exsangue et vidé de toutes les larmes de votre corps. Pour une fois dans un film Pixar, réalisé entièrement et écrit par des femmes (si on excepte le cours passage de la réalisatrice Brenda Chapman à la tête du projet Rebelle), Domee Shi s'attaque au tabou mondial assez fort et évocateur de la "mauvaise mère". Un autre objet intellectuel qui ose traiter le sujet de la mère abusive, entre autres. En France, en littérature, il avait fallu attendre l'année 1948 et Hervé Bazin dans son roman "Vipère au poing" pour avoir la peinture au vitriol d'une mauvaise mère. Bien sûr, Pixar oblige, tout le monde va évoluer, et la fin se termine de façon un peu culcul la praline où chacun apprend de ses erreurs et ça fait du bien, mais on salue toutefois l'audace de l'avoir amené sur la table pendant une bonne partie du métrage.

Et pour une fois aussi, également dans un Pixar, on a un père qui a une vraie force d'évocation, et ne se contente pas d'ânnoner dans le sens de son épouse, et de vivre dans son ombre totalement comme c'et malheureusement le cas dans beaucoup de séries et films américains, mais qui ira d'ailleurs a contrario dans le sens de sa fille dans une scène réellement pivot du récit.
Le film d'un strict point de vue cinématographique est aussi une leçon incroyable, puisque le sujet traité est l'occasion pour la réalisatrice, oscarisée pour le court-métrage Bao, de verser brillamment dans le mélange des genres asiatiques, tout y passe : Shônen, Shôjo, Wu-Xia Pian, décor de Chambara, même une réjouissante partie qui lorgne du côté du Kaiju Eiga, sans jamais qu'aucun de ces emprunts ne fassent formaté ou poussé aux forceps pour coller au récit. Et je ne dis rien sur l'incroyable climax final qui doit être vécu pour le croire. Tout s'enchaîne de manière ultra fluide, pour le plus grand plaisir du spectateur. Un film qui en plus, à la manière d'un Ranma 1/2 dont était très fan, Domee Shi dans sa jeunesse, a cette capacité à parler de règles, de puberté, et du fait de devenir une femme de manière générale, tout en dépeignant des personnages de femmes fortes mais faillibles, qui se révèlent d'autant plus touchantes, devenant tout l'inverse des insupportables Mary-Sue qu'ont été dernièrement chez Disney, Carol Danvers ou Rey Palpatine. .

Bonus : Quasiment aucun bonus, si ce n'est un commentaire audio de la réalisatrice, toujours intéressant, pour percer les arcanes de la création. On aurait espérer un peu plus.

En Blu-Ray et DVD depuis le 6 mai 2022, ainsi qu'en VOD et Achat digital. Edité par Disney DVD. Son site Internet, sa page Facebook et sa page Twitter.
Retrouvez Alerte Rouge sur Cinetrafic : https://www.cinetrafic.fr/film/63347/alerte-rouge
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