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27 décembre 2016 2 27 /12 /décembre /2016 14:32
le Bon Gros Géant : Critique simple

Steven Spielberg est un réalisateur atypique et caméléon qui ne cesse d'étonner son public. Refusant catégoriquement comme son comparse Robert Zemeckis de se laisser enfermer dans un seul genre, il est capable de faire des bonds de géant et passer d'un film d'espionnage sur fond de guerre froide à une histoire pour enfants renouant avec la poésie et l'onirisme d'un E.T, mais en en occultant la partie tragique (quoique). C'est de ce dernier dont nous allons traiter d'ailleurs, le Bon Gros Géant, adapté du roman éponyme de Roald Dahl, écrivain anglais immense pour la jeunesse mais pas seulement, à qui on doit entre autre les romans, Mathilda, Charlie et la chocolaterie, ou encore Sacrées Sorcières, tout trois déjà adaptés au cinéma.

Il n'est nul besoin de rappeler à quel point l'univers du romancier anglais est cinématographique, tant chacune de ses oeuvres ou presque a eu une adaptation pour le grand ou le petit écran, que ce soit Burton, Mel Stuart, Wes Anderson, Nicolas Roeg ou Danny de Vito, chacun de ces réalisateurs pourtant très différent a su concilier son propre univers avec celui de Dahl. Et c'est évidemment encore une fois le cas de Spielberg avec le Bon Gros Géant (que nous nommerons le BGG ou le BFG pour des raisons de clarté), puisque ce dernier est allé chercher et le mot est faible, tirer de sa retraite serait plus juste, la plus Sophie des scénaristes, Melissa Mathison, à qui on doit le génialissime, cultissime et générationnel E.T du même Steven Spielberg. On doit à cette dernière, outre le sublime E.T, le merveilleux L'indien du placard de Frank Oz (Yoda pour les intimes), le sympathique l'Etalon Noir, le rigolo "Kick the Can" volet du film la 4eme Dimension de Steven Spielberg, et l'excellent Kundun de Martin Scorsese, et c'est tout.

Son dernier scénario écrit date de 1997, donc Spielberg est venu tirer la dame, ex-madame Ford de 20 ans de "sommeil" pour lui demander l'impossible à savoir adapter le Bon Gros Géant, pour lui. Il existe un téléfilm anglais trés distrayant, mais c'est un film d'animation et qui date de 1989 par ailleurs. Le BGG de Spielberg lui est sorti l'an dernier, et pour traduire l'immense talent de dessinateur de Blake à l'écran, Spielberg a utilisé le must de la technologie actuelle à savoir la Performance Capture ou cinéma virtuel pour rendre au mieux l'humanité qui se dégage des illustrations de Quentin Blake (grand ami de Roald Dahl et illustrateur de la plupart de ses couvertures et dessins encartés dans les livres de poche de l'auteur) et l'âme de ses personnages.

Petit rappel en quelques lignes du procédé de Performance Capture, l'idée maîtresse étant de rendre aux comédiens, la possibilité de jouer leur scène comme au théâtre, sans être interrompu, sans être gêné par un problème technique, une coupe de son ou de lumière, ou un imprévu de tournage et le tout avec les indications du réalisateur en quasi direct, et pour les plus audacieux des réals, la possibilité de pré-filmer le résultat en temps réel quasiment avec des personnages en fil de fer. Les comédiens sont donc harnachés dans une combinaison couverte de capteurs, et ont des capteurs sur tout le visage et une petite caméra qui filme leur visage. Certes le procédé est un peu difficile à porter au début, mais une fois la magie de la fiction opérante, ça n'est pas plus handicapant qu'un masque de Commedia ou un nez rouge de clown, et surtout ça permet aux comédiens et aux comédiennes de véritablement s'investir dans le personnage, de devenir le personnage, de s'incarner même, tant l'âme des comédiens va entrer en fusion avec le résultat final qui sera supervisé par des techniciens CGI qui vont recouvrir les fils de fer d'un masque numérique en animation, masque qui au contraire du full CGI gardera trace du jeu et de l'expression du regard des comédiens et comédiennes. N'importe quel comédien ou comédienne normalement constitué, et habitué au théâtre ne rêve que d'une seule chose, un tournage en performance capture, dans les conditions quasi direct du théâtre.

Le procédé choisi par Spielberg et expérimenté avec son Tintin, a pour lui de permettre aux comédiens d'incarner, l'incarnable. Ainsi, Katherine Turner est devenu une maison pour le fantastique Monster House de Gil Kenan, Benedict Cumberbatch un dragon pour la non moins fantastique trilogie du Hobbit de Peter Jackson, et le facétieux Mark Rylance du pont des espions, devient un géant de 7 mètres de haut pour Spielberg, tandis que Bil Hader, lui devient un géant de 9 mètres de haut antagoniste du pauvre BGG.

La partie technique étant précisé, on va pouvoir attaquer le gros de l'analyse. Spielberg réalise pour certains un film mineur, pour d'autres un navet, pour d'autres encore dont fait parti votre serviteur, un pur chef d'oeuvre qui n'a rien à envier aux films qui sortent sans cesse sur nos écrans. Déjà un point sur lequel tout le monde sera d'accord ou presque, Mark Rylance compose un parfait BGG, et même la voix française du géant, le sympathique Danny Boon n'est pas en reste, tant son interprétation vocale colle à merveille au personnage de Dahl et Spielberg, et tant on ne reconnait pas une seule intonation de l'acteur, entièrement voué à son rôle, incarner le personnage du roman ce dont il se sort à merveille, tour à tour triste, émouvant, drôle, irritant même, mais toujours impeccablement juste. La petite Ruby Barnhil, révélation du film est elle aussi excellente, et chacune de ses mimiques est un plaisir pour le spectateur attendri. Aucun comédien ou comédienne du film ne démérite d'ailleurs, et le tout est comme d'habitude merveilleusement accompagné par la musique de l'alter ego musical du réalisateur, le fidèle John Williams, qui compose un thème pour le géant, chantable, virevoltant, à tomber, comme toujours chez Williams. Le montage n'est pas en reste, puisqu'il est encore une fois assuré par le génial Michael Kahn, dont c'est le deuxième film monté entièrement sur station numérique (le premier étant Tintin), car oui il faut savoir que Kahn est un des derniers monteurs qui monte encore directement la pellicule sur Moviola, et le passage de Spielberg au cinéma virtuel l'a un peu contraint à passer au montage numérique mais il s'en sort parfaitement bien, gérant toujours aussi bien les transitions Spielbergienne et les moments de tensions ou au contraire de vivacité de l'histoire.

L'histoire en quelques mots est celle de Sophie, petite fille orpheline qui vit dans un orphelinat et dont la rencontre avec le BGG va bouleverser sa vie et la transformer à jamais. Nous sommes en plein dans le conte initiatique, fer de lance des bouquins de Roald Dahl, et Spielberg depuis E.T, maîtrise le conte initiatique, comme personne, d'où la présence de Melissa Mathison au scénario. Mais le BGG n'est pas seulement un film Dahlien, puisque c'est l'occasion pour Spielberg de parler de nombres de ses thématiques personnelles, tout en illustrant ses idées par ses marottes visuelles, (reflet, cadre dans le cadre, plan Spielbergien en veux-tu en voilà), bref c'est un véritable festival de ce côté là, et il va même jusqu'à se personnifier sous les traits du géants semeurs de rêve, car qui est Spielberg sinon un géant qui vient apporter du rêve par sa compagnie (Dreamworks, littéralement l'usine à rêves) et sa réalisation inspirée. Impossible d'ailleurs de ne pas voir les passages de fabrication des rêves, comme une métaphore du montage ou de la réalisation d'un film, au point que même Canal + s'en est inspiré pour sa nouvelle pub.

Au final, on se retrouve avec un merveilleux petit film pour enfants, qui en plus d'avoir le bon goût de ne pas les prendre pour des cons, a l'intelligence de s'adresser à eux en futur adulte, en abordant des thèmes divers et variés comme le harcèlement, la guerre, la mort, etc... J'aurais aimé pouvoir traité plus avant le film, mais ce sera pour une prochaine fois, car cette critique ne fait pas partie de mes critiques analyses mais est en réponse à la réception du bluray pour le site cinetrafic.

Je m'épancherais plus avant sur le film dès que j'en ai le temps pour vous apporter une analyse plus fouillée, plus approfondie et je l'espère la plus exhaustive possible. 

Sortie du DVD ou blu-ray le 1er décembre 2016 et le site du distributeur Metropolitan Filmexport.

Retrouvez ce film dans les catégories http://www.cinetrafic.fr/film-2017 et
http://www.cinetrafic.fr/liste-film/2308/1/les-films-fantastiques-pour-enfants

 

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