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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 12:09
Hitchcock-Truffaut

"Dans une interview à France info, mercredi, Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française et président de la Commission d'avance sur recettes du CNC, fait un aveu fracassant : lui qui s'honore d'avoir "vu des centaines de milliers de films" n'a jamais regardé un seul Walt Disney. "Pas même Bambi." Et ce n'est pas qu'une question de génération, Serge Toubiana semble fier de n'avoir jamais rattrapé son retard. "J'ai réussi à passer outre, à passer au cinéma d'adulte... J'ai peur de la niaiserie", dit-il. J'ai d'abord cru à une blague, mais non. Serge Toubiana est Disnophobe. Et son mal paraît incurable".

http://blog.francetvinfo.fr/actu-cine/2014/04/13/cher-m-toubiana-nayez-pas-peur-des-films-disney.html

Il est par conséquent difficile d'envisager la vision du documentaire Hitchcock-Truffaut de manière sereine, sachant que le bonhomme en est le co-auteur. Heureusement me direz-vous, l'écriture ne fais pas tout, seulement dans un documentaire elle agit pour beaucoup. Ne connaissant pas Kent Jones, j'ai pensé que la réalisation allait rattraper le coup, ce qui est pour le coup à peu près vrai, mêlant référence audio, photo de l'entretien des deux hommes et correspondance en extrait vidéo avec le cinéma de Hitchcock.

Les intervenants aux nombre de 10 : Martin Scorsese, Arnaud Desplechin, David Fincher, Richard Linklater, Wes Anderson, James Gray, Olivier Assayas, Kiyoshi Kurosawa, Peter Bogdanovich et Paul Shrader ; sont pour la plupart intéressant à écouter, à part les français encore une fois qui parlent à côté du sujet, parfois même en lui manquant de respect. Il faut en vouloir pour entendre Assayas dénigrer la volonté de maîtrise et de contrôle de Hitchcock arguant que lui préfère l'inattendu et l'impro. Mais on s'en cogne de ton avis mon grand, c'est pas un docu sur Olivier Assayas, c'est un docu sur Hitchcock, donc merci de rester à parler de lui et pas de toi ou de ta vision du cinéma. Heureusement les autres intervenants, même parfois Desplechin sont un régal à écouter, surtout le duo Scorsese-Fincher, les plus à même de comprendre Hitchcock, puisque les plus proches de son style de réalisation, ultra symboliste et éminement visuelle.

On regrettera toutefois que soit absent des intervenants qui auraient pu être passionnant, justement parce que complètement dans le style d'Hitchcock (pas seulement pour leur propension à faire du cinéma de genre) mais surtout pour leur influence du maître à commencer par Steven Spielberg dont l'influence de Hitchcock sur son oeuvre est manifeste, jusque dans sa manière de réaliser, les fameux plans Spielbergiens. Mais on regrettera tout autant l'absence de Zemeckis, Shyamalan, ou encore De Palma (l'homme terrorisé, pourrons nous même dire "traumatisé" par la scène de la douche de Psycho au point de la reproduire dans quasiment chacun de ses films), véritable transfuge américain du maître anglais.

Bref, la présence des précédents auraient largement comblés les vides laissés par ce visionnage, car outre l'inanité de certains commentaires, la volonté de Toubiana d'enlever à Hitchcock son succès populaire pour en faire uniquement un "auteur de film non divertissant", divertissement apparaissant comme une insulte sous la plume de Toubiana, laisse au spectateur un sentiment de malaise assez impalpable que la réalisation agréable de Kent Jones ne dissipe pas tout à fait.

On appréciera la petite featurette, Hitchock vu par... dans laquelle quelques uns des intervenants du film donne leur avis sur le maître du suspense, et encore une fois le propos des français est hors-sujet, et trés généraliste. Tandis que le propos des cinéastes américains est passionnant et vraiment centré sur Hitchcock et son cinéma.

Mais pouvait-on en attendre plus d'un homme qui ayant invité Spielberg à la cinémathèque française pour la sortie de Cheval de Guerre, ne trouve rien de plus intelligent à lui demander comme question à propos du film "si il est lui-même un peu un paysan, et si c'est parce qu'il aime les chevaux qu'il a réalisé le film"... Sans commentaire.

Au final, on se retrouve avec un documentaire pas trop mauvais pour le profane, ou pour le cinéphile amateur de Truffaut, mais pour les fans hardcore de Hitchcock, ils n'apprendront rien de plus qu'ils ne savent déjà, et encore vaut-il mieux se rabattre sur le livre issu de ces conversations entre les deux cinéastes. Même pire, après n'avoir été cantonné qu'à un rôle de cinéaste de divertissement, par l'intelligentsia, et n'avoir dû son statut d'auteur que grâce au Cahiers du Cinéma, Serge Toubiana par ce documentaire semble vouloir ôter à Hitchcock son statut d'entertainer également, comme si c'était dévalorisant pour ce dernier de vouloir plaire au plus grand nombre et d'avoir un succès populaire.

Je remercie en revanche l'éditeur pour avoir envoyé un dvd du commerce pour la critique, c'est une petite attention que je ne manque jamais de souligner car c'est une forme de respect pour le travail du bloggeur, donc merci à eux.

Sortie du film en DVD et Blu-ray depuis le 20 novembre 2015.Edité par Arte facebook et son site.

Retrouvez ce film et d'autres dans les grands films français et les films cultes à ne pas manquer

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commentaires

T
J'avais lu le livre, il y a 30 ans. Depuis, j'ai un peu révisé mon avis sur Hitchcock, que je trouve en fait très surcoté.
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