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29 avril 2021 4 29 /04 /avril /2021 16:52
SongBird

Le confinement aura eu ça pour lui en 2020 de renouveler les idées de scénario du cinéma, français et américains en tout cas. Si le cinéma français aura surtout fait de la comédie ou du "high concept" du sujet, le cinéma américain, avec ce "Songbird" de  Adam Mason propose un film anticipation action qui est loin d'être inintéressant.
Déjà le sujet, l'histoire d'un livreur DPD ou Amazon (tchut tchut pas de marques) à moto qui parcours la ville en confinement pour livrer des produits à ses clients. Ces derniers sont confinés chez eux, et chaque livraison doit être placée dans un containeur décontaminant, avant d'être réceptionnée. Quant au chauffeur livreur à moto, lui possède non pas une autorisation ou une attestation, mais bien un blanc-seing unilatéral pour traverser la ville, car ce dernier a la "chance" d'être immunisé contre les effets de la COVID.

L'histoire prend place en 2023, de quoi nous faire un peu peur, quand on regarde le film chez soi en 2021, alors que le troisième confinement touche enfin à sa fin, et que la culture vient de récupérer un espoir de ressortie à partir du 19 mai de cette année. On est donc dans un futur plus que proche. 

Tout se passe pour le mieux dans la vie de livreur de Nico, autant qu'on puisse être "mieux" en période de COVID, surtout dans sa forme la plus létale, le COVID 23 qui tue en 48h en cas d'absence de soin. Mais un jour, sa petite amie, contracte le COVID, et Nico va tout faire pour pouvoir extirper sa fiancée de ce mauvais sort, avant l'intervention de la police de mise en quarantaine. Avant tout Film de science-fiction, ou dirons-nous, anticipation, Songbird peut aussi trouver sa place dans la liste des thrillers.

On pourrait reprocher aux USA de déjà vouloir faire de l'argent avec un sujet brulant et épineux qui aujourd'hui encore ne nous a pas réellement quittés, mais c'est oublier que l'Amérique est un pays qui a toujours questionné son histoire de façon plutôt rapide. Contrairement à la France dont les premiers films réalisés sur le passé polémique du pays qu'ils soient de notre part ou de la part des américains (on se souviendra aisément de la censure des "Sentiers de la Gloire" de Stanley Kubrick) sont sortis assez récemment, les USA ont toujours eu cette façon de sortir des films sur un sujet polémique rapidement pour pouvoir s'extraire du traumatisme ou pour pouvoir questionner le sujet avec un maximum d'acuité historique. On peut en penser ce qu'on veut et trouver cette manière d'agir un peu cavalière vis à vis du drame, mais que ce soit le Vietnam, le 1109, le Massacre de Columbine, ou encore des sujets moins graves comme Julian Assange ou Edward Snowden, le constat est là. Les réalisateurs américains, et le public américain ont besoin de voir leur "Histoire" par le prisme d'un regard cinématographique pour mieux l'appréhender, la digérer, la questionner moralement. Est-ce parce que les USA sont un pays relativement jeune, contrairement à la France qui est un des plus vieux pays d'Europe, peut-être, toujours est-il que c'est Robert Redford qui lorsqu'on l'interrogeait sur le "patriotisme" à l'occasion de la sortie de "Lions and Lambs", avait répondu en interview, que le premier patriotisme d'un américain, est de questionner sans arrêt les agissements de son pays, aussi sombres soient-ils.

Fort de ce constat, les films sur l'Histoire des USA au sens large s'enchaînent, avec parfois très peu de temps entre le tournage et la sortie du film, comme en témoignent plusieurs films catastrophes "World Trade Center", ou "Vol 93", ou encore ce "Songbird" qui ouvre le bal des films sur le confinement.

Bien sûr, on est pas du tout dans le même registre, puisque "Songbird" produit par Michael Bay d'ailleurs s'inscrit complètement dans le film d'entertainment pur et dur. Mais malgré cela, l'issue du film apporte quelques interrogations intéressantes, sur la manière dont des gens peu qualifiés, voire psychotiques peuvent se retrouver à des postes haut placés par un certain concours de circonstances.

Dans "Songbird", on suit donc le quotidien de ce livreur qui est en couple avec une jeune femme dont il est tombé amoureux en se trompant dans l'adresse de livraison. On comprend donc bien vite qu'ils ne se sont jamais rencontrés en vrai, et n'ont jamais vécu ensemble. Cette dernière vit avec sa grand-mère, toutes deux confinées dans leur immeuble. A ça, s'ajoute un couple de riches entrepreneurs, un patron irascible mais paternel, un informaticien ancien d'Afghanistan, et une Youtubeuse chanteuse influenceuse.

On suit plusieurs de ces personnages mais "Songbird" n'est pas un vrai film choral comme "Collision" par exemple ou "Babel", et on verra bien vite au fil du récit que leurs interactions sont très peu nombreuses. Le background du film nous fait comprendre que le confinement du COVID 19 est une plaisanterie face à celui de 2023. En effet, dans le film, les personnages doivent se scanner tous les jours, pour attendre une confirmation éventuelle de leur contamination (sauf le héros qui est immunisé), et lorsqu'ils sont positifs, la Police vient les chercher pour les emmener en quarantaine, les contrevenants étant purement et simplement abattus. 
Dans ce tableau d'une Amérique, un brin fasciste et supra autoritaire, on pourrait penser à une exagération des années Trump. Malgré tout, on se prend d'attachement pour ces personnages, et même si certains frôlent un peu la caricature un peu opportuniste, le film fonctionne pour ce qu'il est, une série B de facture correcte, avec quelques belles idées assez originales (comme celles de la responsabilité évoquée plus haut), ou encore "le complexe de Dieu "abordé de manière plutôt intelligente dans le film.

Sans révéler la fin, "Songbird" de Adam Mason dont c'est le 7eme film quand même, est une série B qui ravira les amateurs du genre, et laissera certainement de glace tous les détracteurs qui penseront que le COVID n'est pas un sujet de cinéma, ou qu'il est trop tôt pour faire des films. Je pense que peu importe ce qu'on a à dire, sur un sujet, on peut le dire, sans attendre de "temps prescriptif", tant que c'est intéressant.

On notera la présence dans des partitions dramatiques relativement intéressantes également, de Demi Moore, et Bradley Whitford, Peter Stormare étant dans un rôle un peu plus habituel. On regrettera aussi l'absence de bonus, qui aurait été amusant pour découvrir la genèse d'une telle aventure, étant donné que le film "Songbird" comme le dernier "Mission Impossible" par exemple a été filmé en pleine période COVID.

En DVD et Blu-Ray depuis le 15 avril et en VOD depuis le 16 décembre 2020. Edité par Metropolitan Films Vidéo. Le site Internet de l'éditeursa page Facebook et sa page Twitter.

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