En 2002, Danny Boyle donnait une cause à ses zombies, délaissant la doxa populaire du fantastique pour les relier un tant soit peu à la science. Puis en 2004, Zack Snyder, dans son film à mon sens le moins creux, révolutionnait le mythe zombie en les dotant pour la première fois du pouvoir de courir. Les gamins élevés à Romero et à Resident Evil que nous étions alors, habitués à la peur du nombre, plus important facteur d'épouvante que la vitesse ne s'en sont pas remis. Mais 2012 (2014 en dvd) va marquer grâce à Jeremy Gardner, un autre jalon du film de zombie. Débutant sur un long plan fixe avec un joueur de baseball assis sur une marche d'un pavillon de banlieue, on se croirait presque dans un Gus Van Sant. Le plan dure, dure, le jeune homme ne fait rien (ou presque) et puis d'un coup d'un seul, c'est l'emballement. Un deuxième jeune homme sort du pavillon, un flingue à la main, suivi par un zombie, et là le film est lancé. Et tout le long du métrage va osciller dans cette direction du film de zombie indépendant. Tourné avec environ 6000 dollars, ce film ne lésine pourtant pas sur un excellent storytelling, preuve qu'aux âmes bien née, la valeur n'attend point le nombre des années. Mais ce qui aurait pu paraitre vain ou ennuyant à mourir (cf Gerry dont je ne me suis personnellement toujours pas remis, désolé pour les puristes), s'avère au final une excellente manière de décrire cette épopée post-apo. Car, plus que de zombie, le but de cette aventure va être pour les deux joueurs (à des postes différents) qui plus est de cohabiter, et de devenir ami, car ils ne se connaissent apparemment pas plus que ça.
Du phénomène, on n'en entendra jamais parler, si ce n'est par des messages radios interposés, message d'autant plus confus qu'ils sont relativement vagues. Pas de cause scientifique, pas non plus de cause fantastique, bien que le terme Zombie finisse par remplacer celui d'Infectés, pas de cause du tout en fait. Le réalisateur, ici également scénariste ne s'embarasse pas d'une justification de ses zombies. Ils sont là, point barre. Le film est réellement réjouissant, car avec trés peu d'effets (impact de balles, un peu de sang, un montage parfois cut), et des plans caméras assez minimaux, il arrive quand même à installer une ambiance plutôt pesante et poisseuse.
Le film a même certains délires régréssif, comme lorsque un des deux protagonistes a certaines privautés sur son corps dans sa voiture bien à l'abri,en regardant une zombie fille qui gratte derrière la vitre, et plutôt sexy il est vrai. Au-delà du caractère absurde et décalé de la scène, cette dernière vient rappeler intelligemment que zombie ou pas, les infectés restent des humains. Il ya un petit côté Je suis une légende de Matheson qui est habilement distillé dans le film. Il est d'ailleurs fait allusion à une compagne du héros, avec une scène qu'on pourrait accoler en miroir de celle-ci où le héros sent une petite culotte de sa fiancée prise dans un des tiroirs dans sa maison vide et embarque le parfum de cette dernière. On ne saura pas si sa fiancée a survécu ou non, ni si quelqu'un d'autre a survécu, à l'exception de ce camp retranché, baptisé le "Verger", et qui dispose d'essence, de véhicules, d'armes et de troupes. Un des protagonistes parlera d'ailleurs au Talkie Walkie avec une des membres, Annie, sans succès apparent, du moins dans un premier temps.
Le but étant bien entendu de te donner envie de voir le film, ami lecteur, rien ne sera révélée de la fin du film. Juste un regret personnel, que le groupe le "Verger" ne réapparaisse pas, le film aurait pu durer une petite demi-heure de plus, ça aurait été superbe. Peut-être que le réalisateur se laisse une porte de sortie pour un éventuel 2, ou une série tv. En tout cas, personellement si ce n'est pas le cas, je l'encourage grandement à le faire, tant ce groupe "le Verger" avec ses allures de "les Autres" de Lost, ou les Guilty Remants de Leftovers donne envie d'en savoir bien plus.
Dernier réflexion, à propos du titre, "The Battery"' selon wikipédia, le terme Batterie en anglais est un terme qui renvoit
"Au baseball, le terme batterie (en anglais battery) désigne le couple lanceur/receveur1 de l'équipe en défense. Ces joueurs sont respectivement notés 1 et 2 dans l'alignement défensif.
Origine[modifier | modifier le code]
Le terme "batterie" au baseball a été inventé par Henry Chadwick dans les années 1860 en référence à la puissance de feu des lanceurs d'une équipe. Il faisait allusion aux batteries d'artillerie utilisées lors de la Guerre de Sécession.
Plus tard, cette notion évolue pour désigner l'efficacité du duo composé du lanceur et de son receveur. Leur performance combinée est primordiale pour le succès d'une équipe en défense."
Un titre symboliquement parfaitement trouvé, puisque ce dernier duo, devra apprendre à se connaitre pour fonctionner correctement ensemble, notamment d'un point de vue "défensif" contre les zombies. Puisque leurs armes se résument à deux battes de baseball et un revolver.
Le terme battery peut également désigner les batteries d'un chargeur, dans le sens où un des protagonistes ne peut avancer que si il a son walkman sur les oreilles. Et ce dernier change sans cesse les piles parce qu'il a besoin de sa musique pour vivre, de la même manière que son camarade charge sans cesse son revolver, parce qu'il en a besoin pour vivre. Mais un walkman sur les oreilles, ça distraie des zombies comme le lui dira son ami. Ce dernier va d'ailleurs confronter le mélomane à la peur des zombies en lui jouant un mauvais tour mais qui va le faire grandir.
En bref, si vous avez adoré l'armée des morts, Resident Evil le film, ou autre World War Z, ce film ne risque pas vraiment de vous séduire, mais sait-on jamais. Par contre, si vous aimez Romero, Resident Evil le jeu vidéo, les films indépendants avec une vraie ambiance et de vrais idées de mise en scène, alors n'hésitez pas et foncez voir ce The Battery. Un réalisateur à suivre, pour un film qui serait le Into the Wilde ou le Gerry du film de Zombie, mais un Gerry cool (oui promis, j'arrête).
Sortie le 5 aout 2014. Zylo.
Aucun Bonus. Film en VOST français.
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