Paul Anderson est bien connu pour son incapacité à transcender son matériel de base. Aucun de ses films n'est "bon" à proprement parler, ça va de l'exécrable au sympathique sans plus. Seul Event Horizon, est le film qu'on peut relativement considérer comme un excellent film, mais force est de constater qu'il se retrouve cruellement en position unique dans la filmographie du sieur Anderson. Et ce n'est pas ce nouveau Resident Evil qui va changer la donne, malheureusement.
Le premier Resident Evil était en soi assez sympathique, même si Anderson s'est largement éloigné du jeu éponyme pour se faire, mais il n'y avait encore rien de honteux, et le cast autant que les FX ou le scénario tenait encore la route. Lors de la sortie du 2, les choses se sont gâtés, et ce n'est pas le fait de déléguer la réalisation du 3 à Russel Mulcahy (réalisateur de l'acclamé Highlander et de l'excellent remake du film "on the beach" de Stanley Kramer), puis du 4 à Alexander Witt en restant producteur des deux, qui a apporté un renouveau à la saga, bien au contraire. De son côté, Paul Anderson est allé entre temps, massacrer le superbe roman de Alexandre Dumas, les 3 Mousquetaires, dans une dispensable adaptation 3D, faisant des enfants dans le dos à l'histoire et à l'Histoire (encore et toujours Richelieu qui complote contre la France, but WTF ?) sans jamais atteindre le quart du fun d'un Sherlock Holmes Richien par exemple.
Après le carnage les 3 Mousquetaires 3D, et ce malgré quelques belles idées de mise en scène, et un casting plutôt à la hauteur, avec quelques scènes de combat qui tenaient la route quand même, Anderson a décidé de revenir au film qui a fait son succès, la saga Resident Evil.
Reprenant l'intrigue où elle était resté après le 4 et sa Alice "doté d'immenses pouvoirs" (oui pardon ami lecteur, je suis encore dans Lincoln, vu récemment ;)), Anderson démarre son film en rembobinant la dernière scène du 4 à l'envers, superbe idée de mise en scène au demeurant qui fait presque espérer un bon film, mais malheureusement cet avant goût ne sera que sporadique, puisque aussitôt après, on tombe dans une intrigue inexistante, ponctué de parcours de niveau comme un jeu vidéo, ainsi que de combats tous plus longs et inintéressant les uns que les autres, accompagné d'une musique hard tonitruante, bref, en deux mot comme en un, un clip.
Il est d'ailleurs amusant ou attristant c'est au choix de constater que quand on parle d'un mauvais réalisateur, le nom qui vient le plus souvent sur les lèvres des gens soit Michael Bay et non Paul Anderson. Alors que soyons sérieux, Bay maitrise totalement l'art du découpage cinématographique, et son récit, alors que Anderson a semble t-il oublié tout ça depuis son excellent Event Horizon. Et c'est probablement ça, le plus triste, parce que si encore c'était un mauvais réalisateur, mais c'est juste un réalisateur cynique qui fait ce qui fonctionne et qui s'accommode trés bien de cet état de fait. Le film en lui-même est donc un prétexte pour faire du fan service mais sans jamais accrocher le fan justement, du name dropping en veux-tu, en voilà : Barry Burton (dont la fin est minable, oui, je le dis, minable, indigne du personnage), Jill Valentine, Leon Kennedy, Ada Wong, etc..., même Claire et Chris Redfield sont catapultés dans l'intrigue mais sans jamais venir jouer un quelconque rôle autre que l'évocation de leurs noms à l'écran. Les combats finaux durent trop longtemps, le film ne jouent jamais sur les ressorts de la peur et préfère y substituer l'adrénaline et la testotérone à outrance, rejoignant en cela tragiquement le tournant formaté de la série des jeux depuis le mirifique Resident Evil 4...
On sauvera juste du naufrage la trés belle séquence d'intro qui reprnd là où RE4 le film s'était arrêté et qui rembobine l'action pour la redéployer à nouveau, une manière pour le réal de se réapproprier à nouveau son "oeuvre" en faisant courtoisement du passé table rase; et aussi l'idée malheureusement pas du tout exploiter que tout ce qui s'est passé depuis le 2 ne soit en réalité qu'un rêve vécu par le clone Alice.
Après, ce film n'a pas su me séduire personnellement, mais ça ne veut pas dire qu'il ne résistera pas à l'axiome : potes-pizza-bières, parce que de ce point de vue, il fera trés bien son office, même si pour le même axiome, un film moins plat conviendrait aussi trés bien. A noter que la fin du film donne les clés pour un 6ème opus qui arrivera surement à grand pas;
Heureusement ce que le film perd en intérêt en tant que film, il le regagne en bonus, en proposant de nombreux bonus intéressant sur le tournage du film. Et personnellement même sur un film que je n'ai pas aimé, je trouve toujours intéressant de découvrir le tournage, les FX et tout ça, on appelle ça la passion je crois. En l'occurence ici, la passion selon saint Paul :).
Sortie en dvd et bluray le 28 Janvier 2013. “Distribué par Metropolitan Filmexport”.
Découvrez d’autres films sur Cinetrafic dans des catégories aussi diverses et variées que film d’horreur ainsi que bande annonce