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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 12:45

http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/cinema/news-cinema/la-cabane-dans-les-bois-la-masterclass-horreur-de-drew-goddard-3351486/60182704-1-fre-FR/La-Cabane-dans-les-bois-la-MasterClass-Horreur-de-Drew-Goddard_portrait_w532.jpgSi il existe un genre qui est battu, rebattu, et re-rebattu, c'est bien le film d'horreur. Il arrive bien sûr d'assister à de pseudos renouvellement du genre mais ceux-ci ne se plaçent que du point de vue de la forme du film : torture porn type Hostel ou saw, filmage sur le vif type Rec, Cloverfield, ou caméra de surveillance comme la série des Paranormal Activity dont le 4 ne va pas tarder à sortir. Bien peu de film s'interroge sur le principe même du film d'horreur, autrement dit, bien peu de ces films ne se placent comme des films méta ou film de mise en abyme. Si on excepte la série Scream de Wes Craven (dont le 7eme Opus des Freddy s'essayait déjà à ce type de réflexion métatextuel) et le réalisateur prolifique quoique de plus en plus décrié Manoj Night Shyamalan, qui est un de ceux qui a amené la réflexion méta dans le film fantastique à son paroxysme (cf l'avant-dernière séquence du Village ou la structure même d'Incassable).

Dans le marasme ambiant actuel des suites, prequel, reboot, et suite de reboot qui touche le cinéma américain depuis quelques années (mais si on se penche sur l'histoire du cinéma us dans son entièreté, ce phénomène des reboots n'a rien de nouveau en réalité) ; la Cabane dans les Bois de Drew Goddard vient apporter un peu de sang neuf. Un peu comme ce fut le cas mais plus au niveau comédie satirique avec l'excellentissime, Tucker and Dale vs Evil de Eli Craig où l'Evil en question ne se révélait pas être celui qu'on pourrait croire de prime abord.

Drew Goddard (qui sera entre parenthèse le scénariste du futur Robopocalypse de Steven Spielberg) et son producteur, et mentor, Joss Wheddon se lance dans un film qui est avant tout un film de scénario. L'histoire débute sur une séquence censée se passer dans un laboratoire de recherche, puis une séquence suivante présente un groupe de 2 jeunes femmes auquel vient s'adjoindre, deux autres garçons, puis un troisième mais tellement décalé qu'on comprend pourquoi il ne faisait pas parti de la présentation de départ. Le groupe part en vacances dans une cabane dans les bois qu'a loué le grand frère d'un du groupe, mais sitôt la voiture partie, la caméra remonte le long du toit pour venir cadrer un agent ? équipé d'une oreillette, qui avertit quelqu'un que les cobayes sont partis pour le piège. Le contrechamp de ce plan s'effectue dans le laboratoire de la première séquence, liant les deux présentations entres elles. Ce faisant, Joss Wheddon et Drew Goddard, élimine d'emblée le Twist final de ce type de structure scénaristique. Le Twist est donc avant. Les jeunes gens s'enfoncent dans un piège que leur a préparé ce groupe de scientifique, et le piège est la cabane dans les bois (d'où le titre). Car la cabane est à l'image de la structure et du but du film, un extérieur hydillique mais connoté, un intérieur avec un miroir sans tain, une cave qui contient son lot de surprise, un entresol qui n'en contient pas des moindres, et un sous-sol qui contient toutes les réponses. http://oblikon.net/wp-content/uploads/la-cabane-dans-les-bois-2012-17215-1154984706.jpg ("Je est un autre" moi-même)

Car c'est bien de cela dont il s'agit, les différents niveaux physiques de la Cabane étant les différents niveaux de lecture que pourra voir le spectateur selon s'il adhère et/ou comprend l'intérêt du film ou pas. Chaque strate du film est ainsi composée de descente de plus en plus bas, vers la vérité mais surtout vers l'origine. Goddard et Wheddon en bon amateur de mythologie, arrive même à faire correspondre aux spectateurs le sens de certains mythes du commencement des temps en passant par l'antiquité jusqu'à nos jours, rappelant par là-même un des fondements du cinéma : raconter une histoire, se substituer à la place du conteur autour du feu (chose que Steven Spielberg avait déjà réussi à synthétiser pour la télévision dans le générique de l'excellente série du maitre Histoires Fantastiques et dont voici le lien pour plus de compréhension : http://www.dailymotion.com/video/xmsxsr_histoires-fantastiques-generique-serie-tv_shortfilms?fbc=82). Conteur qui doit être à même de satisfaire son auditoire, sous peine d'être pendu ou décapité (cf par exemple la légende des Milles et Nuits). Dans ces temps pré-apocalyptique, les deux compères rajoutent un effet fin-du-mondiste mais le gros de l'intrigue se situe quand même dans ce rapport mythologie communion d'avec le réel. http://a34.idata.over-blog.com/500x333/2/35/06/44/Suite-7/Cabane-dans-les-bois--2-.jpg (le grand méchant loup ou le mythe de la Dévoration)

Etant à deux visions du film, une en VOST, une en VF, je peux également assurer aux lecteurs que la revisibilité de ce film est trés possible, et comme dans tout bon film, on trouve de nouveaux éléments à chaque nouvelle vision. Le cast s'en sort avec les honneurs, en tête le jeune Chris Hemsworth, avant son passage Avengerien, et avant son Thor, car n'en déplaise aux esprits chagrins, la Cabane dans les bois a été tourné avant Thor et avant Avengers, et n'est sorti que cette année au cinéma. C'est d'ailleurs sur le tournage de ce film que Wheddon aurait fait son choix de prendre Chris pour Avengers et donc de conseiller à Kenneth Branagh de le choisir pour Thor. La sympathique Kristen Connoly découverte dans un rôle de quasi silhouette, disons de rôle muet dans Phénomènes de Manoj Night Shyamalan (décidément) se retrouve propulser en rôle principal et premier rôle féminin du film, (c'est pas en France qu'on verrait ça hein) et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle assure totalement, tenant pour une bonne part le film sur ses frêles épaules. L'autre bonne surprise du film est le comédien Fran Kranz habitué des séries TV (Doll House notamment) et de film DTV et qu'on promet à un bel avenir tant son personnage est un de ceux qu'on retient le plus. Mais il n'est pas le seul et les deux autres du groupe sont aussi trés efficaces.

Il est difficile d'établir une critique de la Cabane dans les bois sans en évoquer la substantifique moëlle, donc de spoiler, mais ce n'est pas le but de ce papier, l'analyse venant comme pour Fréquence Interdite, peut-être plus tard. Il suffit juste de savoir que Joss Wheddon est trés influencé par Shakespeare (ayant été élevé après le divorce de ses parents (encore un) par une grand-mère qui était plus branché littérature que fiction familiale télévisuelle (le père et le grand-père de Wheddon ayant été scénaristes de "sitcom)". Si vous aimez Shakespeare, Luigi Pirandello, et que la Vie est un Songe fait parti de vos classiques, alors nul doute que vous apprécierez ce film méta autant que ne l'est Inception sur un autre point du cinéma.

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