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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 17:52

http://www.les-lectures-de-cachou.com/wp-content/uploads/2012/10/Frankenweenie-01.jpgL'historique de Frankenweenie est pour le moins complexe. C'est d'abord un moyen-métrage qui germe dans la tête de Tim Burton, réalisateur du court-métrage Vincent, alors qu'il travaille comme animateur au Studio Disney. Et comme Vincent, ce dernier pourtant tourné avec la bénédiction des exécutifs du Studio qui ont déjà repéré le talent du jeune homme, bien que ce dernier ne soit pas vraiment compatible avec les programmes familiaux que dispense la firme de Mickey, en live et non en stop motion, aura le même triste sort que son coreligionnaire à savoir le placard du studio à grandes oreilles car trop décalé par rapport aux principes du Studio. Pourtant l'un comme l'autre témoigne de la vivacité d'esprit du jeune réalisateur, de son amour pour les films de la Hammer et le vivier de Roger Corman, le pape de la série B horrifique ou non. Il se prend d'ailleurs d'amour pour le cycle de Poe (le Masque de la mort rouge, le Corbeau, l'Empire de la Terreur etc...). C'est là que le jeune Tim Burton tombe artistiquement amoureux de Vincent Price, qu'il aura d'ailleurs le privilège d'utiliser comme narrateur dans le court-métrage Vincent et auquel il rendra un hommage posthume dans le remake de Frankenweenie en donnant au professeur de Victor Frankestein Jr le visage de l'immense acteur américain, acteur emblématique de Roger Corman entres autres. Ce dernier ayant déjà tourné avec Burton en incarnant l'inventeur de Edward dans le film Edward aux mains d'argent.

Le cycle Edgar Poe aura d'ailleurs une grosse influence sur Tim Burton, notamment dans les décors de Sleepy Hollow et sa direction artistique. Dès 1984, le projet d'un long-métrage en stop-mo trotte dans la tête de Tim Burton, mais pour des raisons financières essentiellement, il ne peut accomplir son rêve et se retrouve à tourner un moyen d'une trentaine de minutes en prise de vues réelles. Sans doute, la possibilité lui a été offerte de faire les projets qu'il lui plait depuis le triomphe du nouveau "Tim Burton", celui qui est bankable, qui plait aux hémos bilieux (en avant les histoires !! ... Oui je sais cette blague est nulle mais j'assume) et déplait à certains fans (en dehors de votre serviteur qui lui voue toujours un culte profond), et ce malgré le décevant Alice au Pays des Merveilles, fable cynique et à peine romancé sur ce qu'est devenu Tim l'enchanteur englouti par la marque du Croque-Mitaine Burton.

Il lui aura donc fallu pas moins de 25 ans pour aboutir son projet tant espéré, cela rappelle un certain Steven Spielberg et son attente de 30 ans avant de donner à son Tintin, la tournure qu'il souhaitait lui apporter pour en faire un film vraiment respectueux de la confiance que Hergé avait mis à l'intérieur de lui (mais on s'égare, revenons à nos Burtons ;)). Tim retrouve donc son producteur de l'époque Don Hahn (ma soeur Anne ne vois-tu rien venir ? Si je vois une opportunité de se faire du fric en remakant un vieux projet du maitre, promis ça sera le dernier jeux de mot vaseux de la critique), déjà producteur de l'original Frankenweenie, qui lui conseille déjà à l'époque de développer son projet en long métrage (source allociné). Lorsqu'il s'aperçoit que le court métrage est culte pour les fans, il l'encourage à le reproduire en long. Tim Burton qui dit volontiers que le héros de Vincent est similaire à celui de Frankenweenie saute le pas en reprenant une esthétique trés proche de son premier court, mais en développant l'histoire du moyen et en rajoutant une sous-intrigue pour donner plus de consistance au tout.

Et chose étrange, hé ben ça marche. Moi qui avais voué aux gémonies le sieur Burton depuis Alice, et qui n'avait pas même osé voir Dark Shadows tellement les critiques à son encontre m'avait échaudé, je ne peux que dire une chose, le vrai Burton (comme le vrai Médard et sa bonne moitié) est enfin revenu. Frankenweenie n'est pas un ersatz Disney qui pille une vieille soupe pour en faire une nouvelle, mais bien une réinvention du moyen métrage, dont la 3D est plus qu'appréciable, et dont la sous-intrigue hommage au cinéma de monstre de la Hammer fonctionne parfaitement. Tim  Burton se permet même quelques autocitations qui ne tombe pas dans le piège de la citation gratuite, mais poursuive la réflexion sur son désir de "refaire" des films. Seul la fin totalement inchangée par rapport à l'original aurait peut-être gagnée un peu plus de force en étant un brin plus trash. Sachant que le père de Frankenstein parle souvent de "laisser s'en aller", de "perdre", je m'étais imaginé que Burton avait voulu faire dans ce remake une fin plus tournée vers le lâcher prise du deuil, mais non. Ce n'est pas grave après tout, ça prouve juste aux détracteurs du "Burton coloré" que de toute façon, ce côté mielleux, roucoulant a toujours fait partie intégrante de Burton et de son cinéma, et que jamais il n'a été uniquement le "dark gothique" de Vincent, Et pour faire plus poétique, le sémillant Tim a toujours coexisté avec le macabre Burton n'en déplaise aux esprits chagrins et aux gardiens du Temple autoproclamés. Même si on ne peut pas nier que le Burton de Ed Wood était quand même mille fois plus intéressant que celui des Noces Funèbres, mais chacun évolue et c'est bien préférable après tout.

Ce film dont la partition musicale est une fois de plus signé de l'indéboulonable mais toujours talentueux Danny Eflman, diablotin en second, âme damnée charitable de l'ami Burton vous redonnera joie et bonheur en bluray et DvD. Et pour une fois, Johnny Depp ne sera pas de la partie, car ni lui, ni la femme de Burton ne sont présent sur le casting voix (une preuve de plus que le Burton ancien est toujours présent en Tim ;))

Bonus : Les bonus pour une fois chez Disney sont trés chiches, pas de commentaire audio de Burton, pas de makin-of, répondent juste présent à l'appel, quelques trailers dont le nouveau Pixar "Planes" et le Oz de Sam The Man, le grand Raimi sur lequel nous reviendrons bientôt dans ces colonnes. On trouve aussi un clip sans grand intérêt autre que promotionnel pour le groupe qui l'a fait, et une featurette sur l'exposition Burton qu'on aurait justement aimé plus longue et détaillée, tant le travail sur les différentes marionnettes semble passionnant. 

Encore une fois, Disney oblige, le dvd est fournit dans un boitier avec jacquette, le film est superbe, et se revoit avec plaisir (votre serviteur en est personnellement à trois visions en comptant celle en salle à la sortie du film), on espère juste que l'édition bluray contient des bonus plus intéressants. En tout cas, que le fan de Burton se rassure amplement, Tim Burton n'est pas mort ou s'il était, il est ressucité, et le formatage Disney qu'on aurait pu craindre sur le film n'est pas du tout présent, avec Gore Verbinski (la trilogie Pirates) et Sam Raimi (OZ, the great and the powerful), Burton conserve son identité et son irrévérrence envers le studio qui l'a fait débuter. Alors Frankenwinnie l'ourson ? ... Certes pas, mais bien Frankenweenie le chien mort-vivant.

Sortie le 1er Mars 2013 en dvd et bluray Disney. “Distribué par Disney”

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