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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 18:32

http://www.lyricis.fr/wp-content/uploads/2012/07/Lawless-Des-Hommes-sans-Loi-Affiche-USA-2.jpgAvec des Hommes sans Loi, le réalisateur de l'inattendu The Road recentre à nouveau son sujet sur la famille, et plus précisément la fratrie, les liens qui unissent ou désunissent une famille. Ce n'est plus un père et un fils qui survivent tant bien que mal dans l'Us apocalyptique du futur, mais bien trois frères au temps de la prohibition et les rapports difficile qu'ils entretiennent entre eux.

Au casting, on retrouve Tom Hardy (Forrest) en sage frère ainé qui s'exprime par grognements, littéralement, même si narration oblige, il parle aussi un peu, jamais trop ; Jason Clarke (Howard) excellent en frère cadet, un peu trop porté sur la bouteille et la violence, et le jeune Shia Labeouf (Jack) qui est parfait en frère benjamin, épris de la fille d'un pasteur et désireux de faire évoluer son monde.

Le film s'ouvre sur une scène du passé, dans laquelle Jack, tente de tuer un cochon sans jamais y arriver, venant amener un de ses frères à sa rescousse, et aboutit son climax sur Jack adulte qui tue un immonde porc pour venger son ami infirme assassiné et son frère blessé. Entre les deux, il ya un parcours initiatique dans lequel tout le propos tourne autour du phallus, avoir ou ne pas avoir de phallus, et donc de testicules (au sens strict et au sens imagé) là est la question. Plus d'une fois, Jack va prouver par son parcours, que la valeur n'attend point le nombre des années. Armés de sa seule jugeotte et d'un derringer, il va trouver avec son meilleur ami le Al Capone local (superbement interprété par un Gary Oldman au sommet de sa forme) pour monter un bizness de vente de Wisky distillé et écoule ainsi en un soir la marchandise que ses frères auraient écoulé en un mois. Son accessit à l'âge adulte, se fait dans la violence et le sang. L'agent spécial Rakes, joué lui aussi magnifiquement par Guy Pearce, lui démonte littéralement le visage à coup de poing, et c'est dans cette branlée qu'il se prend qu'il va trouver la rage d'aller au bout de son projet.

Tout le film traite de virilité mais aussi de son inverse, que ce soit Rakes qui est soit métrosexuel, soit peut-être homosexuel comme certaines critiques presse l'ont avancé (mais pourquoi coucherait-il avec la prostituée noire de l'hôtel alors ?) ; Gary Oldman dont le personnage incarne une forme de virilité d'une légende avec sa mitrailleuse Thompson à chargeur camembert et son costume une raie oui une raie non d'une élégance folle, ou encore Hardy avec son côté ours bougon et violent. Les femmes ont quand à elle, une place assez effacée dans le métrage, et ce même si Jessica Chastain et son pendant jeune inversé Mia Wasikowska font de leur mieux pour exister à l'écran pendant tout le film. Cela reste une histoire mythologique de cow-boy, donc d'homme, même si un évènement survenu au personnage de Jessica Chastain et dont on ne saura l'issue tragique qu'à la fin du dernier acte leur redonne une place de premier plan.

Le film parle beaucoup de métaphore et de dialogues liés à l'absence ou la présence de "cojones", jusqu'à comme dans le Germinal de Zola, une émasculation "en bonne et due forme Jack", vengeance punitive envers des agresseurs de Forrest. Cette castration littérale d'ailleurs ne prend pas la forme d'un combat social de classe comme chez Zola, mais juste l'illustration la plus parfaite de la loi du Thalion, "oeil pour oeil, dent pour dent", en l'occurence "couille pour gorge". Le courage dira Forrest à son frère ne réside pas dans la violence pour un homme, mais de jusqu'où il est prêt à aller, de sa détermination. Et cette phrase de Forrest se verra illustrer dans la dernière magnifique scène du climax du film, dans laquelle, Jack Bondurrant le bien nommé, deviendra un homme, avec toute la part de souffrance que cela peut impliquer. Cette scène du pont sans trop en dévoiler pour le spectateur est d'ailleurs un morceau de bravoure que ce soit du point de vue de la réalisation, du découpage, du montage, ou encore de la photographie. Une séquence quasi culte, comme on dit.

Et le culte justement tient une place importante dans le film, que ce soit le culte religieux (avec le père de la jeune amoureuse de Jack et sa confrérie), le culte du corps de l'agent Rakes qui se parfume et se coiffe, comme Jack d'ailleurs, le culte de la loi (bien mis à mal par ses représentants d'ailleurs, Rakes n'est pas Elliot Ness, il est juste le toutou du mafieu gouvernemental local) et bien sûr le culte de la légende, celle supposée de l'immortalité ou de l'indestructibilité des Bondurrant, à laquelle les trois frères mais plus précisément Forrest croient dur comme fer. Légende qui sera d'ailleurs mise à mal tout le long du métrage.

John Hillcoat et son scénariste Nick Cave recrée ainsi un grand mythe de l'ouest sauvage, faisant de ce film, un grand film de genre, quasiment fantastique, tout en l'ancrant de plain-pied dans la réalité, les coups ça fait mal, un coup de poing ça ouvre une lèvre, le feu ça brûle, etc... A ce sujet d'ailleurs, une scène particulièrement sordide redonne à la punition du goudron et des plumes, tout le sérieux, et le caractère violent qu'elle avait un peu perdu,à cause de son traitement léger comme dans les Lucky Luke de Morris, ou certains western spaghetti. On est bien loin du côté un peu toc de la prohibition du film de Ruben Fleischer, Gangster Squad sorti récemment au cinéma.

Un petit mot sur les bonus du bluray, la galette en est riche : commentaire audio du réal, scène coupée, documentaire sur les Bouilleurs de cru, etc... L'éditeur ne s'est pas moqué de son public, et c'est suffisamment rare pour être souligné.

Sortie en dvd et bluray le 16 Janvier 2013. Distribué par Metropolitan Filmexport

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