Disney s'est tellement fait une spécialité du reboot-remake, que quand il propose une version alternative d'un des méchants d'un de ses dessins animés les plus connus, mais aussi les plus traumatisants, (La belle au bois dormant), car oui, celles et ceux qui n'ont pas frissonné en écoutant la musique de Maléfice dans le dessin animé, et spécialement quand Aurore monte vers son Destin dans la chambre à la Quenouille, sont de biens belles et beaux menteurs.) on ne peut que se réjouir de la prise de risque.
Personnellement, cette utilisation de la musique, et cette quarte du diable (me semble t-il) ont achevé de me traumatiser et m'ont longtemps empêché quand j'étais petit de monter me coucher dans la maison de campagne de mes grands-parents, tant la musique s'imprimait dans mon oreille au point de l'entendre, voire de la fredonner en montant les marches qui m'amenaient à ma chambre.
Mais trêves de digression, car il faut saluer l'originalité de ce premier opus, réalisé par Robert Stromberg qui a été superviseur des FX de plusieurs gros films, avant de devenir chef décorateur sur Avatar de James Cameron, et puis chef décorateur de Alice au pays des merveilles de Tim Burton et du monde fantastique de OZ de Sam Raimi.
Stromberg qui a livré un premier film honorable avec une belle identité visuelle proche de ses précédentes collaborations, avec Maléfique, avait moins convaincu d'un point de vue purement réalisationnel. C'est peut-être la raison ou pas pour laquelle il a été remplacé pour le deuxième opus par Joachim Ronning, coréalisateur de Bandidas, et réalisateur du 5eme Pirates des Caraïbes, le correct mais peu passionnant, "Pirates des Caraïbes : la vengeance de Salazar".
En peu de mots, l'histoire se passe après les événements du premier film. Aurore et Maléfique vivent dans leur château avec leurs amis fées et autres animaux merveilleux, et se partagent le royaume en deux, avec de l'autre côté les humains, menés par le roi John et son fils Philippe.
Lassé de ses guerres intestines continuelles, le roi John, veut en finir une bonne fois pour toutes, lors du mariage d'Aurore et du prince Philippe, mais c'est sans compter sur sa femme, la reine Ingrith qui ne l'entend pas de cette oreille. Lors d'un repas de découverte des deux familles, la conversation s'envenime, Maléfique dévoile ses cornes, et use de son pouvoir. Au même instant, le Roi tombe dans une profonde léthargie proche de la mort, et Maléfique, traquée par les gardes du roi, mais apparemment innocente, s'enfuit à tire d'ailes, tandis qu'Aurore est gardée par sa nouvelle belle-famille, et son prétendant. Maléfique, blessée par une arme d'un des gardes du roi, s'effondre dans la mer, mais elle est bientôt sauvée de la noyade et de la mort par une étrange créature qui lui ressemble en tout point. Commence alors une contre-attaque, pour prouver son innocence et démasquer le vrai coupable, au sein de son nouveau "peuple".
Le film se laisse regarder, même si il manque un peu d'une patte, et d'une réalisation plus personnelle ou accrocheuse qui nous laisserait pantelant, comme saurait le faire Sam Raimi par exemple. Mais malgré ça, le film propose quelques beaux moments. Il se permet de jolies séquences parfois assez sombre (même si le film s'adresse avant tout on le pense aux enfants et aux adolescents), mais cette noirceur n'est jamais réellement offensive, ou transgressive.
Le premier film qui parlait quand même à mots cachés de "viol", et d'émancipation féministe, était déjà un peu plus osé en la matière. Le film s'avère être assez rythmé, et quelques passages de franche comédie, tranche avec la noirceur apparente du sujet. Toutefois si on est pas trop regardant sur le scénario un peu basique mais efficace, on appréciera la délicieuse Michelle Pfeiffer dans un rôle très ambiguë de Marâtre, Angelina Jolie et Elle Fanning dans leur rôle respectif de Maléfique et Aurore, et Chiwetel Ejiofor (les Fils de l'Homme) dans celui d'une sorte de mentor, Conall, guide du nouveau peuple d'adoption de Maléfique.
Au niveau des bonus, c'est le néant le plus total. Quelques bande-annonces et c'est tout. Pas de featurette, pas de making of, pas même un petit commentaire audio à mettre sous la dent du cinévore, quel dommage.