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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 19:33
Prométhée Us

Cette nouvelle critique portera sur le film de Bernard Rose, Frankenstein, cinéaste anglais réalisateur de plusieurs films, (28 ans de carrière depuis sa naissance en 1960) et dont je n'ai malheureusement vu que trois films avant ce Frankenstein : Le génialissime Candyman, le trés sympathique Ludwig B. dont ma soeur avait la VHS, et le superbe téléfilm pour quiconque est violoniste ou mélomane, Paganini, le Violoniste du Diable en 2013.

Dans ce nouveau film, Bernard Rose a choisi de renouer avec le roman original de Mary Shelley, tout en trahissant un peu sa structure mais sans trop trahir le personnage. Ainsi, il transpose le récit de nos jours, fait de Frankenstein, un scientifique calé en imprimantage 3D, aidé de sa femme Elisabeth (qui a un rôle trés mineur dans le roman) et de la créature, un adonis né de cette imprimantage 3D qui va prendre vie par un procédé non expliqué puisque de l'aveu même du réalisateur, si il avait pu l'expliquer, il aurait été un créateur de vie, non de film.

Le film débute par la naissance de la créature et se conclut par sa mort, son sacrifice dans le feu. Personnellement je n'ai pas réussi à adhérer au film, parce que j'avoue que je m'y suis fort ennuyé, mais cet ennui n'est à mettre qu'à mon compte, car le film propose de trés belles idées de mise en scène, un superbe jeu sur la photographie et notamment la lumière du Soleil et son rapport avec le monstre (on en revient à Prométhée, le sous-titre original du roman de Mary Shelley) ainsi qu'une interprétation parfaite de tous ses protagonistes, et je dis bien tous, jusqu'au plus petit rôle du film.

La grande force de Bernard Rose (et en même temps ce qui m'a un peu lassé), c'est cette volonté de renoncer à tous les appareillages classiques du cinéma (les travellings, les grues, et tout le toutim) pour ne se concentrer que sur un film à hauteur d'homme, filmé au plus près des corps par une caméra à l'épaule omniprésente (avec une Alexa, vu le poids du bestiau, on admire l'effort) mais on ne peut s'empêcher de se dire que des gens comme Cuaron ou Spielberg ont déjà fait des films à hauteur d'homme en utilisant pourtant toute la machinerie opératique en plus de la caméra à l'épaule.

Le film a un certain sens du grandiose, même si le tour de force vire parfois au grand guignolesque avec une sauvagerie et un gore, que ne renierait pas un Gaspar Noé, ou un Guillermo del Toro, période, le Labyrinthe de Pan. Mais vu que c'était le reproche fait au roman de Mary Shelley, on est en droit de se dire que du coup le pari d'adaptation au plus proche du roman est réussi.

Je ne dévoilerai pas l'issue du film puisque le but de cette critique est de vous donnez l'envie de le voir, mais l'idée de le faire débuter en Adonis, et ensuite de détériorer son état de manière scientifique est plutôt trés bien vu, et j'ai une petite tendresse pour de petits clins d'oeil à la mise en image ultra connu du Monstre de Frankenstein, puisque sans trop dévoiler l'intrigue, un bubon apparaît à la base de son cou comme les clous arborés par Boris Karloff dans le film de Whales, et un médecin commence à lui découper le crâne à la disqueuse, raccordant avec l'imagerie Karloffienne. Le film s'ouvre aussi sur Frankenstein et son assistant qui se prennent l'un dans l'autre dans les bras, en hurlant "he is alive".

Une autre grande idée du film, est d'avoir développé la relation quasi Oedipienne entre le monstre et la femme de Victor, dans ces temps de tentative de re-féminisation du cinéma, du moins de re héroïnisation des protagonistes féminins. L'"héroïne" est d'ailleurs pas du tout unilatéralement bonne, et certains défauts ressortiront la rendant beaucoup plus humaine. Et humain le monstre l'est tout autant que dans le roman, puisque le cinéaste a eu également l'excellente idée de reprendre les monologues réflexifs et poétiques du monstre mais jamais l'acteur épatant qui le joue ne les formule, et il se contente de les penser tandis qu'il annone quelques mots signifiants.

Au final, comme ce fameux jour du 16 juin 1816, connu comme celui de l'année sans été et jour au cours duquel, Lord George Byron et ses amis, Shelley, Mary Shelley, Claire Clairmont, et Polidori, retenus par une pluie incessante, inventèrent comme gage pour s'occuper, d'écrire chacun une histoire de fantôme1 (ghost story), Bernard Rose donne naissance à un film profond, viscéral, choquant, réflexif, porté par une musique traumatique et une photo volontairement trés terne, traversée par des éclats de soleil. Un film donc dont je vous recommande la vision, ne serait-ce que parce que comme le dit le réalisateur dans les maigres bonus présent sur le disque, (un making of (featurette de 2min) et une interview du cinéaste un peu plus conséquente), le film d'horreur a ça d'excessif c'est que c'est ou tout ou rien. Soit vous aimez, soit vous détestez, donc à vous de voir.

Sortie en DVD le 8 mars 2016. Edité par Metropolitan Filmexport.

retrouvez ce film dans la catégorie le cinéma d'horreur en 2016 et le top cinéma 2016.

1Ce qui donna lieux, quelques jours plus tard, au Vampyre de Polidori, sur un scénario de Byron (livre qui annoncera le futur Dracula), et au Frankenstein de Mary Shelley. Roman qu'elle s'estime d'abord incapable d'écrire, puis qu'elle couchera enfin sur le papier suite à un cauchemar énigmatique et à une prise d'opium. Ce roman qui deviendra le roman gothique le plus célébré et le plus honni de tous les temps, à commencer par le sien.

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