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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 05:26
Le Vice versa

Attardons-nous aujourd'hui sur le film It Follows de David Robert Mitchell. Parti d'un cauchemar récurrent du réalisateur, une entité multiforme qui le poursuivait en avançant inextricablement vers lui lentement, ce dernier écrit un scénario de film d'horreur, un genre qu'il affectionne et dont il rêvait depuis de nombreuses années de mettre en scène un specimen du genre.

L'histoire raconte comment Hugh, "le petit ami" de l'héroïne Jay couche avec cette dernière et lui refile une sorte de créature monstrueuse et protéiforme qui poursuit inlassablement la personne visée par elle. Une fois sa tâche accomplie, elle se retourne contre le dernier porteur de l'acte sexuel. Ainsi, le film s'ouvre sur une jeune femme qui fuit sa ville, pour finir sur la plage le soir et être démembrée et morte le matin sur cette même plage. C'est elle qui a refilée la créature à Hugh, qui lui-même la refile à Jay.

Jay se retrouve donc poursuivie successivement par une jeune femme nue, puis une vieille, un enfant, un adolescent et même des membres de sa famille (on en dit pas plus pour ne pas gâcher la surprise d'un second niveau de lecture du film, du moins à notre avis) ; tous étant un reflet de la créature et non eux-mêmes.

L'intelligence et en même temps la limite du film It Follows, c'est de faire s'intéresser le spectateur bien plus à l'arrière-plan qu'au premier plan (habituellement plus le premier ou le second plan de l'image dans les films d'horreur classique). Au final, la terreur si terreur il y a, provient plus de cet artifice et du côté protéiforme de la menace (un peu comme dans le Témoin du Mal de Grégory Hoblit) que d'une réelle mise en scène de la terreur. Pour ça, nous pensons qu'il sera préférable d'attendre Crimson Peak du mexicain Guillermo del Toro.

Dans l'état, il n'en demeure pas moins que le film It Follows propose un cadre assez intelligent, et de jolies fulgurences visuelles comme la piscine vide et crevée, juste après que Jay soit allé sur le bateau de trois garçons, refiler la maladie, alors même qu'au début de l'histoire, Jay se baigne dans sa piscine, tout le temps. La métaphore si pas d'un viol, mais d'une relation non nécessairement pleinement voulue pointe ici le bout de son nez.

Les influences du réalisateur vont de Hitchcock à Jacques Tourneur, puisque la scène finale dans une piscine, est inspirée de la Féline du réalisateur français, même si on a le droit de penser aussi à Gremlins si on se souvient moins de la Féline, comme ça a été notre cas. Et la musique électro, constituée de nappes et de loop à la manière d'un Carpenter font du film un objet arty indépendant mais pas nécessairement le film de terreur et d'ambiance qu'on était en droit d'attendre.

Le résultat final est ainsi mitigé, car si une première vision du film laisse assez pantelant, une seconde n'apporte guère plus de sensation, et au final, ce qui était ressenti comme une idée de génie devient un artifice de petit malin. On se trouve donc face à un film sympa, mais clairement pas face au chef d'oeuvre vanté par la presse qui une fois de plus ne s'intéresse qu'au parallèle thématique que l'on peut faire entre MST et film d'horreur (et qui d'après le réalisateur n'a jamais été son idée première); qu'à la mise en scène proprement dite.

Mais les comédiens sont trés crédibles, le film apporte son lot de sursaut et autres jump-cut et l'ambiance est là. Nous conseillons donc la vision de ce film ne serait-ce que pour se faire son propre avis sur la question plutôt que de suivre les médias qui n'ont pas nécessairement l’apanage du bon goût. En ce qui nous concerne, incapable de dire vraiment si on a adoré ou détesté, car les artifices de petit malin sont alternés avec des pures idées de mise en scène, donc c'est vraiment difficile d'en déduire un avis bien tranché.

Sortie en DVD et Bluray le 4 juin 2015. Edité par Metropolitan Filmexport.

Retrouvez d'autres films dans les catégories film déjà culte ? et- ce qui se fait de mieux en terme d'épouvante.

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