Pour les fêtes, Warner Bros sort un coffret avec 5 films sur l'enfance qui correspondent clairement à ce que j'appelle des films pour enfants intelligents, qui ne prennent pas l'enfant pour un idiot et qui sans traumatiser l'enfant qu'il est encore pense déjà à l'adulte qu'il va devenir.
Les 5 titres en question, sont des classiques du film d'enfance : Charlie et la chocolaterie de Tim Burton (2005), Le Magicien d'Oz de Victor Flemming (1939), le Géant de Fer de Brad Bird (1999), les Goonies de Richard Donner (1985) et L'histoire sans fin de Wolfgang Petersen (1984).
Autant de films au récit initiatique qui parle de disparition, de deuil du Père, de deuil de l'enfance, de la volonté d'évolution et de changement, etc... essentiel aussi bien à chaque enfant en construction qu'en cette période de fêtes qui facilitent la vision de film enfantin (et non infantile) en attendant le Père Noël, une tasse de chocolat chaud sur laquelle surnage des marshmallows, à la main.
Charlie et la chocolaterie de Tim Burton, est le plus récent du coffret, sorti en 2005, et déjà la deuxième adaptation du livre de Roal Dahl, en attendant la version "télévisuelle" de Netflix des deux tomes et avec la version de 1971 de Mel Stuart avec le grand Gene Wilder notamment. Johnny Depp succède à Gene Wilder avec talent sans copier le personnage mais en lui apportant d'autres facettes, de même que Burton amène au récit certaines des thématiques qui l'obsèdent. Même si ma préférence va toujours au film de Mel Stuart, cette nouvelle adaptation ne démérite pas, et les chansons supervisées, composées et chantées par Danny Elfman apporte une dynamique et un éclairage plus contemporain des thèmes du grand Dahl sur l'enfance Roi, ou sur les médias.
Le second film du coffret est le sublime film de Victor Flemming, le Magicien d'Oz, avec l'inoubliable Judy Garland dans le rôle de Dorothy, qui de petite fille de 10 ans est transformée ici en adolescente qui a des rêves d'émancipation de sa vie campagnarde, rêves qui ne tarderont pas à se réaliser lorsqu'une violente tempête enverra sa maison au pays d'Oz là où de méchantes sorcières, de gentilles également règne en partage sur des peuples tous très différents. Le roman avait pour lui d'"initier" les enfants à l'allégorie, car le roman de Frank Baum est une allégorie économique d'une période sombre des USA dans lequel l'étalon or traversa une crise financière sans précédent, dépression qui fut au coeur de la présidentielle d'alors.
"Une allégorie économique
Entre 1883 et 1897, à la fin du Gilded Age, une dépression eut lieu aux États-Unis. Les agriculteurs de l'Ouest s'endettèrent lourdement. L'étalon-or avait alors cours et certains économistes préconisaient d'utiliser également l'argent3. Cela aurait permis d'augmenter la quantité de monnaie, aurait entraîné l'inflation et réduit le poids réel de l'endettement des agriculteurs. Cette question fut cruciale lors de l'élection présidentielle de 1896. William Jennings Bryan attaqua alors l'étalon-or. Mais ce fut William McKinley, républicain et défenseur de l'étalon-or qui devint président. Les personnages du livre symbolisent diverses figures et des événements de l'époque 4:
- Dorothée : l'Américain moyen
- Toto : le parti prohibitionniste (son surnom était Teetotaler)
- Le bûcheron en fer blanc : les ouvriers
- L'épouvantail : les agriculteurs
- Le lion peureux : William Jennings Bryan
- Les Croquignons : les habitants de la côte Est
- Le magicien : Marcus Hanna, leader du Parti républicain
- La sorcière de l'Ouest : William McKinley
- La sorcière de l'Est : Grover Cleveland, président démocrate jusqu'en 1896, qui fut battu par William Jennings Bryan aux élections primaires
- La tornade : la dépression
- Les souliers d'argent : l'argent qui permettra, en touchant le chemin doré, de revenir au double étalon or-argent."
Le récit ne perd pas son allégorie politique de départ, puisque Victor Flemming en 1939 en fait un film sur la naissante guerre de 1940, où chaque personnage pouvant incarner un allié ou une des puissances de l'Axe, tout en gardant son récit premier de conte initiatique.C'est d'ailleurs au scénariste sud-africain Noël Langley , (un des rares noms gardés au générique sur les 14 scénaristes qui se sont succédés sur le film), qu'on doit la transposition de l'entourage de Dorothy dans le monde d'Oz, cet "artifice" scénaristique étant absent du livre de Baum.
Près de 80 ans plus tard, le film n'a rien perdu de sa superbe, ni de ses idées incroyables comme l'intro filmée en sépia et le pays d'Oz filmé dans le récent "technicolor", doublant une idée scénaristique d'une innovation technique ,remarquable (au premier sens du terme), un peu comme dans le Avatar de James Cameron qui en 2009 se permettait d'ailleurs un clin d'oeil au magicien d'Oz faisant dire à Quaritch à ses troupes nouvellement débarquées "Vous n'êtes plus au Kansas désormais, vous êtes sur Pandora". Le Magicien d'Oz reste définitivement une valeur sûre à faire découvrir aux plus jeunes, et à revoir une fois devenu adulte bien entendu.
Le troisième film du coffret est le magnifique et si émouvant, "Le Géant de Fer" de Brad Bird (1999), film sorti la même année que Matrix, qui passa assez inaperçu, en dehors d'une poignée de spectateurs au cinéma, et d'un peu plus de spectateurs lors de la sortie de la VHS. Pour ma part, je l'ai découvert, grâce au fait qu'un de mes neveux a gagné un concours Pathé Gaumont qui offrait comme cadeau, la VHS du film à des personnes tirées au sort parmi les participants, et c'est à moi qu'échu le rôle d'aller chercher la VHS au siège Marseillais de Pathé Gaumont. Le film que nous découvrîmes ce jour-là, il n'y avait quasiment aucun mot pour le définir. Un ovni, une pépite cinématographique, un chef d'oeuvre instantané pour ainsi dire de l'ordre du E.T de Spielberg, auquel il emprunte quelques thèmes. Un film initiatique puissant sur un petit garçon dont le père aviateur est mort, et qui se trouve face à un géant de fer volant avec qui il va se lier d'amitié et à qui il va faire découvrir, Superman.
Dans ce premier film de Brad Bird, on sent déjà toute la maestria du jeune réalisateur qui s'affirmera pleinement au contact de John Lasseter et de l'écurie Pixar pour culminer dans l'incompris mais si fantastique Tomorrowland qui poursuit le sujet du Géant de fer d'ailleurs.
Le Quatrième film du coffret se trouve être, encore un film culte pour la génération des 80's-90's, le cultissime Les Goonies de Richard Donner (1985), produit par Steven Spielberg sur une idée de ce dernier. Pour sauver la maison familiale d'un des membres de leur groupe d'aventuriers, les Goonies, plusieurs enfants partent à la recherche du trésor englouti du pirate Willy le Borgne. Un film tellement excellent qu'il faut le découvrir, et voir pour le croire un film pour enfant rempli de morts sanglantes, de gros mots, d'allusions sexuelles ou subversives. Il n'existe probablement pas deux films qui égalent les Goonies au niveau punchline et autres scènes cultes. Un monument du film initiatique d'enfance qui n'a pas tant vieilli que ça, n'en déplaise aux mauvaises langues qui le découvrent actuellement.
Enfin last but not least, le cinquième et dernier film de ce coffret est L'histoire sans fin de Wolfgang Petersen (1984), tiré du roman du même nom de Michael Ende, "l'histoire sans fin" et qui raconte l'histoire d'un petit garçon vivant seul avec son père depuis la mort de sa mère, Bastien. Traqué par les caïds de son lycée, il se réfugie dans une librairie, et discute avec un étrange libraire de son goût pour la lecture. Ce dernier lui présente un livre titré "l'histoire sans fin", et serti d'un drôle de symbole représentant un ouroboros (ou serpent qui se mord la queue). Bastien profite d'un moment d'inattention du vieux libraire et vole le livre. Poursuivi par les mêmes voyous qui ont retrouvé sa trace, il arrive en retard à l'école et se réfugie dans le grenier de l'établissement. N'osant plus ressortir, il se met à lire le livre, et Bastien découvre l'histoire de Atreyu, et de son fidèle destrier et ami, Arthax qui doit sauver le pays de Fantasia (en partie la raison pour laquelle ce blog se nomme ainsi) du Loup Noir du Néant qui va le détruire de part en part si la petite impératrice du royaume qui est malade ne guérit pas bien vite. L'histoire sans fin fait parti des rares réussites du réalisateur allemand Wolfgang Petersen, revenu sur le devant de la scène il ya quelques années déjà avec le péplum Troie notamment et est un film qu'il faut vivre pour en saisir toute la profondeur, on se gardera donc d'en révéler la plus infime partie. Pareillement au film Goonies, l'Histoire sans fin a trés peu vieilli lui aussi.
Au final on se retrouve avec ce coffret de film initiatique pour enfants avec cinq des meilleurs films initiatique justement, même si certains titres pourrait manquer à l'appel, on pense par exemple au Charlie et la Chocolaterie de Mel Stuart qui aurait été plus logique de mettre à la place du film de Burton, ou encore des films comme Le secret de la pyramide de Barry Levinson, ou autres. Mais malgré tout, ces 5 titres de qualité sont pour moi des indispensables du récit initiatique pour enfant à posséder dans sa dvdthèque, alors quel plaisir de les voir tous regroupés dans un même coffret pour les fêtes, qu'elle soit de l'année précédente, ou du prochain Noël à attendre.