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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 19:21

http://a.giscos.free.fr/cinema/N/Necronomicon/Image2.jpgAvant de réaliser Crying Freeman, bien avant, même, quelques années après sa sortie de l'EDHEC (ancienne FEMIS) et au moment où sa carrière de journaliste à Starfix (journal qu'il avait fondé) ne lui apportait plus autant de plaisir, Christophe Gans se découvre une envie de réaliser des films. Il fait la rencontre décisive pour sa carrière, Samuel Hadida, sous l'égide duquel il réalisera plus tard, Crying Freeman, puis le Pacte des Loups, puis le reste de sa filmographie à savoir donc Silent Hill, et La Belle et la Bête.

Gans rêve de tourner une adaptation du manga Crying Freeman depuis qu'un ami lui a envoyé parmi des VHS (mais si, l'ancêtre du dvd et du bluray pour les vieux que nous sommes), un manga original de l'oeuvre en colis postal. Evidemment le jeune Gans ne comprend rien au manga écrit en Japonais, mais le gros de l'oeuvre et sa structure, il va la comprendre par les dessins et les cadres. C'est Spielberg qui disait, pour savoir si un film est bon ou pas, coupez le son, et regardez le, si vous comprenez l'histoire, votre film tient la route.

Samuel Hadida se retrouve totalement dans le jeune Christophe Gans, et il caresse le même projet. Il appelle donc Brian Yusna pour lui demander les droits du manga Crying Freeman, puisque c'est lui qui les détient, et Yusna, réalisateur de Re-Animator entre autres, propose à Hadida de confronter le jeune Gans à un premier projet avant de lui confier les rennes d'un film plus important. Yusna est en train de lancer une production de 3 courts-métrages, basés sur l'oeuvre de H.P Lovecraft, et ayant pour fil rouge, le Necronomicon, ce livre des Morts dont il est si souvent question dans l'oeuvre du maître anglais de l'épouvante. Gans qui n'a rien réalisé à part un film de fin d'étude (Silver Slime) saute sur cette proposition, et grand amateur de l'oeuvre de Lovecraft, il accepte le projet. Hadida s'allie donc à Yusna, et au producteur Taka Ichise qui produira Ring, et ensemble, il projette de doter le film fini de trois sensibilités toutes différentes : un segment européen confié à Gans, un segment asiatique confié à Shûsuke Kaneko et enfin le fil rouge (incipit et decipit du film), plus le troisième segment dans une tonalité plus américaine à Brian Yusna lui-même.

Le film est l'occasion de retrouver une tête connue de Roberto Rodriguez, le comédien et maquilleur FX, Tom Savini (Sex Machine dans Une Nuit en Enfer) au niveau des FX du film justement. C'est donc quasiment à quelques exceptions près, trois équipe totalement différente qui planche sur trois segment eux-aussi sans rapport entre eux, si ce n'est le fameux fil rouge réalisé par Yusna et qui consiste en une initiation de H.P Lovecraft lui-même, impeccablement campé par un Jeffrey Combs (Re-Animator) merveilleusement grimé, qui vient consulter dans une bibliothèque tenu par des moines bouddhistes, le fameux Necronomicon et s'inspirer de ces pages pour écrire ses récits.

Les segments sont assez inégaux mais en même temps, avec 6 jours de réalisation, et 600 000 dollars par segment, quand on se reprojette dans les budgets de l'époque (le milieu des années 90), le résultat est plus qu'acceptable. Je ne peux pas parler du film comme un tout puisque plusieurs sensibilités différentes sont présentes, je vais donc traiter chaque morceau à part.

L'hôtel des Noyés  réalisé par Christophe Gans. Le Segment qui m'a personnellement le plus convaincu à tous les niveaux, est celui de Gans lui-même (un de mes cinéastes préférés) qui s'entourant du compositeur de Raimi dans Evil Dead et de son chef décorateur, compose une "belle infidèle" à l'oeuvre de Lovecraft, tout en atmosphère, et en thématiques sur l'impossibilité d'une Rédemption, et comment la faute des pères touchent les fils. Un certain De la Poer hérite d'un hôtel dans lequel son propre aieul s'est donné la mort au 19ème siècle, après s'être rendu responsable de la propre mort de sa femme et de son fils. Abjurant sa foi en jetant la Bible dans le feu, un être d'écumes et d'algues qui pourrait bien être un Profonds lui apporte une nouvelle Bible, le Necronomicon, livre qui pourrait l'aider à ressuciter sa famille et ainsi racheter ses fautes avec l'aide du grand Chtul'u. Ce dernier est trompé par le monstre, et ayant ressucité des êtres proches de son mystérieux visiteur, il se suicide en se jetant du haut des remparts. Son descendant, (épatant Bruce Payne) cherche l'hôtel pour trouver le Necronomicon et lui aussi tenter de ressuciter son amour perdu, noyé en voiture par sa faute également. Gans récupère simplement le nom du protagoniste de la nouvelle de Lovecraft, "des rats dans les murs", et le concept de l'hôtel hanté pour tisser une histoire complexe, la plus touchante également et la mieux construite, sur l'impossibilité de la Rédemption tout en la liant avec intelligence au mythe du grand Chtul'u qui rêve et veille. La musique, romantique et mélancolique du compositeur de Evil Dead Joseph Lo Duca mais aussi du Pacte des Loups, nous emporte dans un monde onirique clairement romantique. De son côté, Gans avoue s'être beaucoup plus inspiré de l'univers de Poe (que Lovecraft a beaucoup étudié et sur lequel il a écrit des essais) que de l'oeuvre de l'anglais qui a donné naissane au grand Chtul'u. Mais le mix fonctionne, et même la création de personnages féminins spécialement écrits par Gans pour l'intrigue ne désservent pas la grande qualité de ce fragment, surfant à la fois entre Hithcockisme années 60, romantisme anglais du 19ème et histoire de fantômes chinois ou japonais. Au final, on se retrouve à suivre la partie du film qui est la moins bis et la moins série B (si on excepte quelques passages gores qui tâche).

Le segment suivant, réalisé par le japonais Shûsuke Kaneko, est lui issu d'une vrai nouvelle à 100% de Lovecraft, Cool Air, et met en scène une jeune femme qui découvre que son locataire du dessus est bien particulier. Locataire interprété par le fantastique David Warner (mais si, son visage vous est forcément connu si vous avez vu Titanic, il joue le méchant majordome de Billy Zane). L'intrigue quoique sage, ne s'épargne pas quelques passages gores ou drolatiques suivant comment on prend la chose. Il faut savoir que le réalisateur japonais est parti une fois le tournage effectué et ne s'est pas occupé de la postprod, ni du montage, chose qu'ont dû se partager les réalisateurs restants en tentant d'être le plus en adéquation avec ce que voulait le réalisateur d'origine. Ce segment est sympathique mais manque un peu de folie, ou de personnalité. Je n'en dévoilerai pas la fin pour vous donner envie de le voir parce qu'il vaut quand même le coup.

Enfin, le dernier segment, issu de la nouvelle "Whisper in the darkness" (celui qui chuchotait dans les Ténèbres), réalisé par Brian Yusna, est probablement le le plus gore mais aussi le plus étrange. C'est aussi celui qui m'a convaincu le moins personnellement, même si il n'est pas sans rappeler la folie visuelle d'un Joe Dante par exemple, dans son segment de la 4eme Dimension le film. Il met en scène deux policiers, un homme et une femme qui roule dans une voiture à la poursuite d'un tueur en série, surnommé le Boucher. On comprend qu'ils ont eu une aventure ensemble, et que la femme est enceinte. Soudain, la voiture a un accident, et le policier noir, blessé, se fait enlever par celui qu'il poursuive. La femme, elle aussi blessée se lance à leur poursuite, un peu après et tombe sur un étrange couple qui vit dans un immeuble à demi salubre. Encore une fois, la fin ne sera pas révélée.

Puis le film se termine par une conclusion dans la bibliothèque des moines du début, encore une fois réalisé par Brian Yusna.

Au final, le film se laisse amplement regarder, et même si les défauts inhérents au genre de la série b fauchée, peuvent être une gêne dans la vision de certains des segments, quand on se remet les choses dans leur contexte, les trois parties sont loins de la réputation désastreuse que le film se traîne. Et c'est un vrai plaisir de découvrir après avoir vu tous ses précédents, le premier travail professionnel et commercial d'un réalisateur que personnellement j'adore. Réalisateur que j'ai eu la chance de croiser une fois à Paris en 2008 à la fnac, mais que je n'ai pas osé aborder de peur de le déranger. 

BONUS : Côté bonus, Metropolitan nous a gâté, non seulement le film en lui-même possède un transfert Bluray trés correct, mais en plus, un commentaire audio de Yusna et Gans est disponible, sans parler d'un deuxième dvd rempli jusqu'à la gueule de bonus, et de bonus caché (notamment le film de fin d'étude de Gans, "Silver Slime", hommage à Mario Bava et Argento). Un documentaire de 58 minutes intitulé "l'enfer du B", dans lequel, Gans, Yusna, et d'autres reviennent sans langue de bois aucune sur le calvaire et le plaisir aussi qu'a été le tournage de ce Necronomicon. Trois autres featurettes reviennent sur le Tournage, la Musique et la Production du film. Dans ce dernier bonus particulièrement, les trois producteurs de Necronomicon ironise autour d'un Necronomicon 2 en Espagne, et d'un Necronomicon 3 à Paris, en reprenant encore trois sensibilités cinématographiques différentes à chaque fois. Il est dommage que le projet n'ait pas été reconduit car aujourd'hui, les coûts de productions augmentant, il serait quasiment impossible de relancer un tel projet. Mais il est toutefois trés sympathiques de voir ces trois producteurs discourir gaiement comme des enfants à propos d'un projet qui leur a tenu et leur tient toujours fortement à coeur.

Enfin, un magnifique petit livret, revient sur le segment de Gans en établissant un paralèlle dans sa filmographie entre Necronomicon sur les thématiques qui lui tiennent à coeur, ou les cadres effectués, voire les figures qu'il propose. Bref, un must have et must have see pour tous les amateurs de cinéma de genre, de série B, ou les fans du cinéma de Christophe Gans tel que votre serviteur.

Sortie en dvd et bluray le 18 Juin 2014. Distribué par  Metropolitan Filmexport.

Retrouvez ce film et d'autres films sur Cinetrafic dans la catégorie  films d'épouvante et film science fiction

 

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